médecine/sciences> Dans la perspective réductionniste, les modifications génétiques sont conçues comme les éléments initiateurs des cancers. Elles apparaissent de manière aléatoire et les séquençages de génomes cancéreux ont montré une forte hétérogénéité génétique inter-et intratumorale. D'autres phé-nomènes aléatoires retiennent aussi l'attention, en particulier les modifications épigénétiques de la chromatine. Elles fournissent pour certains une alternative à une théorie seulement génétique du cancer. Enfin les variations aléatoires de l'expression des gènes constituent une troisième classe d'événements aléatoires qui pourraient avoir un rôle causal. L'accent mis sur ce dernier type d'évé-nements permet de sortir du schéma réduction-niste en considérant les interactions entre les niveaux génétique et tissulaire. < toutefois quelques biais liés aux régions génomiques, certaines étant plus sujettes aux variations, ou à l'exposition à certains agents mutagènes qui génèrent plus spécifiquement certaines modifications géné-tiques [1]. Selon les types tumoraux, le nombre et le type de modifications varient grandement, et le panel des modifications observées à un moment précis dépend des conditions sélectives qui ont prévalu au cours du développement de la tumeur. C'est notamment le cas des gènes dits « significativement mutés ». Ils sont appelés ainsi car leur mutation a joué un rôle moteur dans le développement de la maladie (d'où le terme mutation driver), et pour les distinguer des gènes dont les mutations n'ont pas de conséquence en termes d'avantage de croissance (mutation passenger) [2, 31] (➜). Au sein de cet ensemble d'études de génomique, plusieurs observations sont à souligner : -un nombre élevé de mutations est généralement observé (de quelques centaines à quelques dizaines de milliers de mutations) [3], mais celles qui affectent la séquence des protéines sont beaucoup moins nombreuses [4] ; -ces études révèlent une forte hétérogénéité intertumorale : par exemple, parmi 100 tumeurs du sein, des mutations driver affectant au moins 40 gènes ont été observées, avec un total de 73 combinaisons différentes de gènes mutés [5]. De plus, cette hétérogénéité ne permet pas de révéler d'événement initial commun. Dans le cas des cancers du sein triple-négatifs 1 , même si certaines mutations semblent être pré-coces, aucune mutation ne peut être définie comme l'événement initial, 1 Triple-négatif signifie que les cellules tumorales n'expriment aucun des trois marqueurs : récepteur des oestrogènes (RE -), récepteur de la progestérone (RP -), et récepteur du facteur de croissance épidermique humain (HER2). Ces tumeurs sont également caractérisées par leur comportement agressif.Dans la théorie du cancer qui prévaut actuellement, les modifications génétiques sont conçues comme les élé-ments initiateurs. Ce cadre fondamentalement réduction-niste postule que ce sont des mutations géniques et/ou des altérations des chromosomes dans une ou quelques cellules d'un tissu qui provoquent un échappement des cellules au contrôle de...