NOUVELLE> Il y a prĂšs d'un demi-siĂšcle, Hayflick et Moorhead observaient que des cellules primaires mises en culture avaient un potentiel rĂ©plicatif limitĂ©, et que les cellules adoptaient un comportement particulier, caractĂ©risĂ© par un arrĂȘt irrĂ©-versible de la prolifĂ©ration cellulaire qu'accompagnent des changements morphologiques et biochimiques. Ils nommĂš-rent ce processus la sĂ©nescence [12]. AudelĂ de l'inhibition de l'immortalisation cellulaire, il a Ă©tĂ© rĂ©cemment montrĂ© que ce processus de sĂ©nescence pouvait ĂȘtre activĂ© dans de nombreuses situations de stress : oxydant, gĂ©notoxique et oncogĂ©-nique. Ainsi, on sait maintenant que la sĂ©nescence, processus naturel au cours du vieillissement des cellules, peut aussi ĂȘtre induite dans des cellules tumorales. Quels que soient les stimulus, les gĂšnes suppresseurs de tumeur p53 et Rb sont des protagonistes incontournables du processus de sĂ©nescence [1].Le double jeu de la sĂ©nescence sur le processus tumoral Un certain nombre d'Ă©tudes rĂ©centes ont montrĂ© que la sĂ©nescence inhibe le dĂ©veloppement tumoral. En effet, qu'elle soit activĂ©e par des tĂ©lomĂšres dĂ©fec-tueux, une stimulation oncogĂ©nique ou la rĂ©activation d'un gĂšne suppresseur de tumeur, la sĂ©nescence inhibe la formation tumorale et, dans certains cas, induit mĂȘme une rĂ©gression tumorale, principalement via l'activation des gĂšnes suppresseurs p53 et Rb [1]. Cependant, les cellules sĂ©nescentes peuvent Ă©galement avoir une action pro-tumorale sur les cellules voisines, prĂ©-nĂ©oplasiques, via la sĂ©crĂ©tion de facteurs. En effet, les cellules sĂ©nes-centes prĂ©sentent un profil de sĂ©crĂ©tion particulier appelĂ© le senescent-associated secreted phenotype (SASP) ou senescence messaging secretome (SMS). Parmi ces facteurs, on retrouve des protĂ©ines qui altĂšrent le micro-environnement tissulaire, telles que des mĂ©talloprotĂ©ases (MMP) et des cytokines pro-inflammatoires [2, 12, 13]. Des Ă©tudes du groupe de Judith Campisi suggĂšrent qu'un certain nombre de ces facteurs favorisent la progression tumorale. Ainsi, des cellules Ă©pithĂ©liales prĂ©-malignes forment des tumeurs lorsqu'elles sont incubĂ©es en prĂ©sence de fibroblastes sĂ©nescents alors qu'elles n'Ă©voluent pas ainsi en prĂ©sence de fibroblastes normaux ou prĂ©-sĂ©nes-cents [3,4]. La sĂ©crĂ©tion de la MMP-3 par ces fibroblastes sĂ©nescents participerait Ă cet effet paracrine [4]. Dans le mĂȘme esprit, la sĂ©crĂ©tion de cytokines pro-inflammatoires -l'IL-6 et l'IL-8 par exemple -par les cellules sĂ©nescen-tes induirait une transition Ă©pithĂ©lium-mĂ©senchyme dans des cellules Ă©pithĂ©lia-les prĂ©-malignes, cette transition Ă©tant caractĂ©ristique de cellules engagĂ©es dans un processus mĂ©tastatique [5]. Jusqu'Ă rĂ©cemment, ces deux actions de la sĂ©nescence, anti-tumorale via l'activation de p53 et/ou de Rb et protumorale via la sĂ©crĂ©tion de facteurs, semblaient indĂ©pendantes sur le plan molĂ©culaire. Cependant, une sĂ©rie de publications rĂ©centes a dĂ©montrĂ© un lien dans le double jeu de la sĂ©nescence sur le processus tumoral puisque certains de ces facteurs secrĂ©tĂ©s, potentiel lement pro-tumoraux, ...