Sectorisation des collèges et prix des logements à Paris

Abstract

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La dimension spatiale des inégalités scolaires

“…À la fin des années 1990, Barthon (1998b) fait le constat d'un riche débat conceptuel et théorique autour des ségrégations scolaires en France, et il faut attendre les années 1980 pour que la « dimension urbaine » (parfois en la nommant dimension « spatiale ») des inégalités scolaires soit considérée (Léger et Tripier 1986). Des travaux ont alors montré en France que le choix de l'école pouvait se traduire par des stratégies résidentielles jouant sur les prix immobiliers, par exemple à Paris (Fack et Grenet 2009), ou que des communes périurbaines pouvaient utiliser la carte scolaire comme outil pour attirer certaines classes sociales (Charmes 2007). La plupart des analyses considèrent la « dimension urbaine » (van Zanten 2001 ;Oberti 2005Oberti , 2007b) dans le sens de « contexte », quand d'autres, dans une perspective plus géographique liée à l'analyse spatiale (François et Poupeau 2005), construisent un « espace scolaire » marqué par des discontinuités (maillages administratifs), des polarités (gradients, hauts lieux, organisation centre-périphérie) et des flux (mobilités des élèves).…”

Introduction

“…Alors que les mobilités scolaires (comme d'autres) peuvent être synonymes de contraintes quotidiennes dans les groupes sociaux dominés, les classes dominantes sont capables de convertir leurs déplacements en ressources socialement valorisées (Wagner, 2010). D'une part, leur capital économique leur permet de vivre à proximité immédiate des offres scolaires les plus attractives, ce qui limite les contraintes liées aux transports, comme en témoignent les prix de l'immobilier liés, à Paris, au dessin des sectorisations (Fack et Grenet, 2009). D'autre part, les classes dominantes construisent des déplacements à l'échelle internationale leur permettant d'accumuler capital social et capital culturel, par exemple par la scolarisation dans des établissements internationaux (Bertron, 2016).…”

11. Peut-on accroître la mixité sociale à l'école ?

“…Au-delà de cet épisode particulier, de nombreux travaux empiriques ont montré que le choix de l'école constituait un déterminant non négligeable du choix résidentiel des parents, les familles aisées étant prêtes à payer plus cher pour habiter dans les quartiers dotés d'établissements scolaires plus réputés 2 . Ce phénomène s'observe notamment à Paris, où la comparaison du prix de vente des appartements situés de part et d'autres des frontières séparant les secteurs des collèges publics indique qu'une différence d'un écart-type dans la note moyenne au brevet se traduit par un différentiel de prix d'environ 1,5 % (Fack et Grenet, 2009 ;2010a). Ainsi, la carte scolaire ne se limite pas à refléter la ségrégation urbaine latente, elle contribue également à la renforcer en influençant les choix résidentiels.…”