Le système immunitaire de la muqueuse digestive, communément appelé le Gut-Associated Lymphoid Tissu (GALT), est exposé en permanence à de très nombreux antigènes étrangers provenant simultanément de l'alimentation et des micro-organismes de la flore commensale intestinale. Parallè-lement à cela, l'intestin représente une des principales portes d'entrée dans l'organisme des micro-organismes pathogènes. Le GALT est donc soumis à un challenge difficile, car il doit tolérer les antigènes alimentaires ou commensaux, inoffensifs voire bénéfiques, tout en restant capable de détecter et d'éliminer les antigènes issus de micro-organismes dangereux [1]. Au sein de cette muqueuse, les cellules dendritiques, véritables sentinelles de l'immunité, jouent un rôle crucial en orchestrant les réponses immunitaires innées et adaptatives, et en gouvernant en permanence le choix entre tolérance ou immunité. Néan-moins, il apparaît de plus en plus nettement que le tube digestif constitue un environnement trop complexe pour qu'une seule population cellulaire contrôle l'ensemble des types de réponses immunitaires potentielles et soit capable de les adapter finement aux diverses natures des antigènes rencontrés. Il est donc maintenant admis que ce contexte physiologique particulier a conduit au cours de l'évolution à l'apparition de différentes populations spécialisées de phagocytes mononucléés, à la fois * Correspondance.Adresse e-mail : bevrard@chu-clermontferrand.fr des cellules dendritiques et des macrophages [2]. Les cellules dendritiques intestinales constituent ainsi un ensemble de sous-populations hétérogènes exprimant de façon différen-tielle un certain nombre de marqueurs phénotypiques, dont CD103, CD11b, CD172a/SIRP␣ et CX3CR1 [3]. Ces souspopulations ont des caractéristiques fonctionnelles différentes qui commencent à être de mieux en mieux appréhendées. Certaines en particulier seraient fondamentales dans la mise en place de la tolérance orale aux antigènes alimentaires, principalement les cellules dendritiques migratrices CD103 + CD11b − et dans une moindre mesure CD103 + CD11b + [4,5]. En effet, en condition homéostasique, après migration de la Lamina propria vers les ganglions lymphatiques mésentériques, ces cellules présentent la capacité de produire de l'acide rétinoïque grâce à une enzyme, la retinaldehyde dehydrogenase 2 (RALDH2), ainsi que du TGF- et expriment l'indoléamine 2,3-dioxygénase (IDO). L'ensemble de ces éléments permettrait la conversion des lymphocytes T naïfs en T régulateurs périphériques CD4 + CD25 + FoxP3 et leur homing dans la muqueuse intestinale. Ces lymphocytes seraient ensuite eux-mêmes impliqués dans l'inhibition des réponses Th2 et IgE spécifiques aux antigènes alimentaires, et dans la promotion des réponses IgG4 [6]. Une perturbation du fonctionnement des cellules dendritiques pourra ainsi rompre l'équilibre délicat immunité vs tolérance, générant l'apparition d'une réponse de type Th2 et d'une hypersensibilité aux allergènes alimentaires [7]. Dès lors, cibler plus finement les rôles de cha...