Une éclosion à grande échelle de l'entérovirus D68 (EV-D68) a été détectée en association avec une maladie respiratoire chez l'enfant partout au Canada et aux États-Unis à l'automne 2014. La majorité des cas étaient d'intensité légère, mais certains ont été associés à des problèmes de santé plus graves nécessitant une hospitalisation, dont des cas s'accompagnant de symptômes neurologiques, y compris la paralysie, de même que trois décès en Colombie-Britannique. L'EV-D68 figure parmi de nombreux entérovirus, dont les virus Coxsackie, les échovirus et le poliovirus. À part le vaccin contre le poliovirus, aucun autre n'est offert pour prévenir les infections entérovirales, et aucun médicament antiviral n'a été approuvé pour les traiter. Plus de 46 sérotypes en circulation au Canada ont été identifiés au cours des 25 dernières années. Jusqu'en 2014, l'EV-D68 était rare. Le génotypage effectué systématiquement par le Laboratoire national de microbiologie (LNM) du Canada a permis d'identifier seulement 85 isolats de l'EV-D68 entre 1991 et 2013, alors que 282 isolats ont été détectés entre juillet et octobre 2014. La complexité de l'épidémiologie de ces entérovirus démontre la nécessité d'en effectuer le génotypage, en vue de détecter les éclosions dans l'espace et dans le temps, de déterminer l'incidence relative et les effets de ceux-ci sur la population de même que pour enquêter sur les tendances évolutionnaires, notamment les événements de recombinaison, car on estime que celles-ci jouent un rôle important dans la variation des souches et l'apparition de souches épidémiques. En particulier, il est important d'effectuer des tests virologiques lors de cas inhabituels de paralysie chez l'enfant et de procéder au génotypage ainsi qu'au séquençage de tout virus identifié. On encourage la soumission d'échantillons (cultures virales, selles, liquide céphalorachidien ou échantillons des voies respiratoires) de ce type de cas au LNM.