Repenser les relations entre gouvernement et secteur bénévole

Abstract

Résumé Au cours des 10 dernières années, les gouvernements ont réalisé que les nouvelles formes de gouvernance nécessitent une plus grande coopération avec les acteurs de la société civile. L’amélioration de ses relations avec le secteur bénévole et communautaire est maintenant considérée comme un élément clé d’une bonne gestion des affaires publiques. À la fois au Canada et au Québec, les gouvernements ont utilisé un instrument politique innovateur, une entente cadre, afin de renouveler leurs relations avec ce secteur. Même si les moyens sont similaires, il y a des différences importantes en ce qui concerne le degré d’institutionnalisation de l’interaction, l’acceptation du rôle d’action sociale et la reconnaissance de l’autonomie du secteur au Canada et au Québec. Les auteurs démontrent que ces différences reflètent des manières distinctes de positionner le secteur dans le régime de citoyenneté.

La démocratie participative et la qualification citoyenne

“…Si le risque d'assimilation des mouvements sociaux est bien réel dans les dispositifs de participation, l'hypothèse contraire est tout aussi plausible : les instances participatives peuvent également conduire à une marginalisation progressive des groupes. Un des mérites de la participation institutionnalisée réside justement dans la reconsidération sous un jour nouveau des questions anciennes, comme celles du pouvoir des groupes et des risques de neutralisation par l'État (Bacqué, Rey et Sintomer, 2005 : 38 ;Laforest et Phillips, 2001). À cet égard, l'étude de la qualification citoyenne constitue une première piste.…”

Regards comparatifs sur la stratégie québécoise de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale

“…Quant aux développements en matière de participation des personnes en situation de pauvreté et d'exclusion sociale, ils marquent aussi un pas important par rapport à la consultation gouvernementale du secteur bénévole, qui distinguait déjà le Québec des autres provinces. Le Québec se démarquait par l'institutionnalisation des mécanismes de participation de la société civile dans le processus de gouvernance (Laforest et Phillips, 2001), mais ces mécanismes n'incluaient pas les personnes en situation de pauvreté et, dans le cadre de sa stratégie de lutte contre la pauvreté, le gouvernement québécois a créé des mécanismes uniques et adaptés à ces personnes.…”

“…Au Canada, comme au Royaume-Uni (autre État-providence libéral), les gouvernements sont réticents à institutionnaliser cette participation, même s'ils reconnaissent son importance dans le développement de stratégies de lutte contre la pauvreté (Larocque, 2008). Sur ce point, la spécificité québécoise rappelle celle observée quant au rôle du secteur bénévole, pour lequel Québec a institutionnalisé des mécanismes de participation dans le processus de gouvernance (Laforest et Phillips, 2001). …”

Nouvelle gouvernance publique et innovation : le cas du Consortium national de formation en santé

“…Le Québec semble se démarquer dans ces débats en raison de l'entente adoptée, en 1998, entre le gouvernement québécois et les organismes communautaires (Laforest et Phillips 2001;Dancause et Morin 2011;Laforest 2012;White 2012). Dans ce dernier cas, les travaux révèlent que les organismes communautaires ont réussi, à l'époque, à maintenir leur capacité d'autonomie.…”