L’institutionnalisation du régime linguistique canadien depuis les années 1980 a joué un rôle structurant dans l’organisation actuelle de la collectivité francophone, dans ses représentations d’elle-même, dans ses visées, ses stratégies et ses tactiques d’action collective. Parallèlement à la réorganisation du réseau associatif francophone et à l’intensification de ses liens avec l’État, un champ scientifique propre aux communautés francophones en situation minoritaire s’est institutionnalisé. Ce champ a permis l’émergence d’un nouvel acteur francophone : l’expert. Les savoirs experts s’appuient sur trois principales notions : la vitalité ethnolinguistique, la complétude institutionnelle et la gouvernance francophone. Nous avançons que ces termes sont devenus hégémoniques, dans la mesure où ils parcourent les sciences sociales, l’État et les milieux associatif. Dans un premier temps, nous décrivons le régime linguistique canadien. Dans un second temps, nous retraçons l’émergence et l’institutionnalisation du champ des sciences sociales francophones minoritaires. Enfin, nous posons un regard critique sur la production des savoirs experts en démontrant qu’ils induisent une lecture partielle et partiale des communautés.