Département des sciences humaines et sociales, Canada Résumé. Le Québec, l'ensemble du Canada, voire l'Alaska ou la Russie, contiennent de vastes espaces nordiques inhabités. Cette affirmation, qui tombe sous le sens pour la majorité des Québécois et de leurs voisins anglophones, est pourtant lourde d'a priori discutables issus de la culture occidentale. En réalité, ces territoires sont soit occupés, parcourus ou nommés par les autochtones, depuis des siècles. Ces formes d'appropriation relativement légères, du moins en termes d'empreinte écologique, remettent en question le concept d'écoumène, notamment à cause de sa dimension binaire. Dans ce contexte, cette article vise à discuter des fondements du concept d'écoumène et, par ricochet, de nature sauvage (wilderness). Il apparaît évident que le terme écoumène est utilisé de manière réductrice et qu'il faille l'adapter pour décrire les divers modes possibles d'habiter le monde, notamment en milieu nordique. Au final, nous prônons la nécessaire reconnaissance des territoires de très faible densité, comme les espaces nordiques, afin d'entretenir des relations harmonieuses avec les autochtones.