Psychothérapies et approches plurielles de leur évaluation

Abstract

Je suis reconnaissant au comité de rédaction de la revue PSN, de l'honneur de me permettre d'aborder dans cet édi-torial l'importance des psychothérapies dans la pratique des psychiatres. Les psychothérapies constituent, aujourd'hui, une pratique sociale complexe qui engage notre perception de l'humain. Les professionnels sont actuellement au centre d'une demande d'aide psychologique, certes des soins, mais aussi d'un questionnement profond sur les moyens de répon-dre aux attentes d'épanouissement personnel, relationnel et affectif. Ces exigences imbriquées et, naturellement, indissociables comportent, quand elles s'adressent au clinicien, un agrégat d'attentes fusionnées dont il est ardu de faire la distinction, d'une part, entre la détermination diagnostique d'une symptomatologie caractérisée et, d'autre part, les difficultés existentielles diverses. Autrement dit, les attentes avancées par les demandeurs d'aide psychothérapique concernent tout autant la disparition des symptômes de dysfonctionnement psychique, la réduction de l'anxiété éprou-vée lors des situations vécues que la dimension humaine inévaluable qui dépasse les limites de la technicité pour accéder à une perception de la vie affective et sociale, avec ses exigences et ses difficultés.Ces besoins sociaux se sont massifiés progressivement depuis quelques décennies, pour se développer tous azimuts au-delà des sentiers existants à l'intérieur du champ des spé-cialistes de la psychopathologie, psychiatres et psychologues [1]. Aujourd'hui, le coaching, les thérapies « alternatives » innombrables, les stages intensifs de développement personnel, les approches biocorporelles les plus hétéroclites se sont adjoints aux approches psychothérapies classiques. L'extension grandissante de ces attentes a produit une nouvelle offre d'aide psychologique par des nouveaux acteurs sociaux revendiquant un savoir-faire d'autant plus spécifique et « technique » que leur formation psychopathologique générale est manquante. La réglementation de ce champ de professionnels se réclamant compétents en psychothérapie s'est mise, en France, laborieusement en cours depuis un lustre. Ces phéno-mènes de civilisation interpellent avec raison les soignants sur la définition des réponses professionnelles apportées et leur rôle dans la société contemporaine. En effet, l'ouverture de la souffrance psychologique au marché de l'offre des soins et l'émergence d'une nouvelle professionnalisation de psychothérapeute en cours ont mis la question des psychothérapies au-devant des préoccupations de la psychiatrie.Cette expansion progressive du champ d'application des psychothérapies, la prolifération des techniques et le dévelop-pement des écoles diverses ont généré la nécessité de clarifier les indications, d'évaluer les résultats ainsi que de comprendre les processus spécifiques aux différentes techniques et leurs facteurs communs d'actions [12]. Aux questionnements cliniques des praticiens se sont associées, aux États-Unis, les contraintes imposées par le système de remboursement des soins ...