> Conséquence d'un renouvellement accéléré de l'épiderme entretenu par une inflammation chronique, le psoriasis associe, sur un terrain géné-tique particulier, une hyperréactivité variable de plusieurs gènes. La maladie se présente comme une réaction exagérée de la peau aux agressions de la vie quotidienne, qu'elles soient exogènes ou endogènes, ces agressions entraînant une libé-ration excessive de cytokines pro-inflammatoires aboutissant au déclenchement d'un processus inflammatoire qui rend la maladie chronique. En fonction des modes successives, l'attention des chercheurs s'est portée sur les anomalies de la peau ou sur les anomalies des cellules inflammatoires caractéristiques de l'inflammation psoriasique. En fait, il semble maintenant nécessaire d'étudier les anomalies génétiques et les anomalies des voies de signalisation qui aboutissent à une sécrétion excessive de cytokines pro-inflammatoires, mais aussi de mieux comprendre les interactions entre cellules cutanées et cellules inflammatoires. Les progrès thérapeutiques récents, dans le traitement du psoriasis, reposent avant tout sur la mise en place de techniques permettant un meilleur ajustement des outils thérapeutiques aux besoins des patients. De fait, si le psoriasis met rarement la vie en danger, il atteint souvent gravement la qualité de la vie : l'objectif est donc d'élaborer une stratégie thérapeutique qui améliore cette qualité de vie, que seul le patient peut évaluer. Cette stratégie, permettant d'ajuster les possibilités thé-rapeutiques à chaque patient, repose sur quatre phases successives : le questionnement, qui permet d'évaluer la gravité de la maladie, les explications, qui permettent au malade de comprendre comment il peut agir sur sa maladie, la négocia-tion, qui devient l'acte médical principal, et doit aboutir à une décision thérapeutique partagée. Il s'agit là d'une révolution, au sens propre, dans la relation entre le médecin et le malade : l'édu-cation du patient se situe au coeur de la démarche thérapeu-tique. C'est dans ce contexte que sont apparus de nouveaux médica-ments, très intéressants sur le plan scientifique et apportant l'espoir d'une efficacité raisonnable, associée à une bonne tolérance. Ces médicaments sont toutefois très coûteux, ouvrant en cela le débat des possibilités et des limites de la solidarité. < Institut de Recherche sur la Peau, Pavillon Bazin, Hôpital Saint-Louis, 1, avenue Claude Vellefaux, 75010 Paris, France. louis.dubertret@free.fr Parmi les centaines de maladies qui font la complexité de la dermatologie, le psoriasis tient une position phare. Affectant 2 % à 3 % de la population mondiale, il associe une inflammation chronique, une prolifération des cellules de l'épiderme et un trouble de sa différen-ciation. Il se traduit par l'apparition de plaques rouge, prurigineuses ou douloureuses, couvertes de squames où l'épiderme se renouvelle en cinq à sept jours au lieu de 28 jours. Ces plaques sont souvent symétriques, ce qui suggère un rôle pour le système nerveux. On observe dans le psoriasis différen...