En France, le niveau atteint par les prélèvements est de plus en plus contesté. À partir d’une enquête statistique inédite, l’article montre que l’exaspération à l’égard des prélèvements est étroitement liée à un sentiment d’injustice fiscale plus ou moins marqué selon les prélèvements et selon certaines caractéristiques sociales. Toutes choses égales par ailleurs, le sentiment d’injustice est particulièrement prégnant chez les femmes, les contribuables peu diplômés, les habitants en zones rurales, et il varie fortement avec l’âge. Les membres des classes populaires se montrent particulièrement critiques tandis que les bénéficiaires de niches fiscales sont plus satisfaits. Le jugement porté sur les différents prélèvements révèle deux conceptions de la justice fiscale, l’une valorisant l’objectif de réduction des inégalités est l’apanage des fonctionnaires et des contribuables orientés à gauche, et l’autre, défendue par les cadres, les chefs d’entreprise et professions libérales privilégiant l’initiative économique.