La figure d’un enfant « montessorien » a le vent en poupe dans de multiples instances de socialisation : écoles publiques, écoles privées, mais aussi dans certaines familles de milieux moyen et supérieur. Par une étude des discours adultes enseignants et familiaux qui valorisent cette nouvelle figure de l’enfant, nous en étudions les caractéristiques idéal-typiques. L’enfant montessorien est un enfant responsable et autonome ; il n’a pas besoin d’injonction adulte pour aller vers les activités d’apprentissage légitimes et les mener à bien. Plus qu’obéissant, il est (doit être) sincèrement intéressé par ces activités, ce qui s’explique notamment par un travail socialisateur familial préalable, qui s’avère continué dans les sphères scolaires. Sous ses formes actuelles, le montessorisme est une pédagogie de la socialisation à l’autonomie enfantine (l’adulte attend que l’enfant fasse de lui-même). Les enfants doivent précocement avoir fait leurs ces attendus sociaux, ce qui pose la question d’attentes disciplinaires aujourd’hui plus fortes envers eux, et d’une moindre tolérance vis-à-vis des comportements alternatifs.