Pratiques de conciliation travail-famille et détresse psychologique des salariés québécois : une comparaison selon le genre

Abstract

Dans le contexte où les couples à deux carrières constituent maintenant la norme, l'enjeu de la conciliation travail-famille devient incontournable. Cette nouvelle réalité souligne la nécessité d'examiner les effets des pratiques de conciliation travail-famille mises en place dans les organisations québécoises sur le bien-être des travailleurs. Une comparaison selon le genre s'avère également pertinente, vu la persistance des rapports sociaux de sexe et de la division sexuelle du travail. Encore aujourd'hui, les femmes allouent davantage de temps aux soins des enfants et aux tâches domestiques que les hommes, tandis que ces derniers s'investissent plus dans leur carrière. La présente étude réalisée à partir des données de l'Enquête québécoise sur des conditions de travail, d'emploi et de santé et de sécurité du travail (EQCOTESST) s'inspire du modèle théorique des demandes et des ressources de l'emploi de Bakker et Demerouti. Globalement, l'analyse montre que les pratiques de conciliation, en particulier celles liées à la maternité et à la gestion flexible du temps de travail, réduisent la détresse psychologique des femmes. Une fois contrôlé l'effet des variables sociodémographiques, des conditions de travail, des responsabilités familiales et de l'environnement organisationnel, le fait d'avoir accès à un nombre élevé de pratiques de conciliation (soit sept ou plus sur dix) atténue la probabilité des femmes d'avoir un niveau élevé de détresse psychologique, mais non celle des hommes. À l'inverse, le temps passé à faire des tâches domestiques ou à assumer les responsabilités familiales accroît la probabilité des hommes d'avoir un niveau élevé de détresse psychologique, alors que ce n'est pas le cas chez les femmes.In a context where dual-career couples are now the norm, the issue of balancing work and family cannot be ignored and it underlines the relevance of examining the effect of existing work-family practices in Quebec organizations on workers' wellbeing. A comparison by gender is also relevant, given the social relations of gender and the sexual division of labour. Nowadays, women still allocate more time to childcare and housework than men, while the latter are more engaged in career work. Using data from the Québec Survey on Working Conditions, Employment and Health and Safety at Work (EQCOTESST), the present study is based on Bakker and Demerouti's theoretical Job demands and resources (JD-R) model. Overall, the analysis indicates that work-family practices, especially those related to maternity and flexible management of working hours, reduce the psychological distress of women. After controlling for sociodemographic variables, working conditions, family responsibilities and organizational environment characteristics, having access to a large number of work-family practices (seven or more ou...

Work, family, work–family conflict and psychological distress: A revisited look at the gendered vulnerability pathways

“…These models have been tested in various societal contexts and, even if there is no consensus, many have corroborated that the response to these stressors differs between women and men. For instance, while studies have shown that high psychological demands are related to psychological distress only for men or for women (Michélsen & Bildt, ; Mori, Nakashima, Yamazaki, & Kurita, ; Vézina, Bourbonnais, Marchand, & Arcand, ) others have shown such relationship for women and for men (Boulet & Le Bourdais, ; Bültmann, Kant, Schröer, & Kasl, ; Bültmann, Kant, Van Den Brandt, & Kasl, ; Cohidon, Rabet, Murcia, Khireddine‐Medouni, & Imbernon, ; Stansfeld, Fuhrer, Shipley, & Marmot, ). Some other studies have shown no significant relationship for both women and men (Bildt & Michélsen, ; Choi et al, ; Einarsen & Nielsen, ; Niedhammer, Chastang, David, Barouhiel, & Barrandon, ; Roxburgh, ).…”

“…As regards the family, most studies on psychological distress among working populations extensively addressed work stressors but either overlooked family stressors or focused on objective aspects such as family status, number of children or number of hours devoted to domestic tasks (Beauregard et al, ; Evans et al, ). For example, Väänänen et al () showed that domestic tasks are linked to the psychological distress among working women only, whereas Boulet and Le Bourdais () found a significant association only among working men. Many studies gave evidence that mothers' distress exceeds that of childless women and that lone‐parent women were more affected than married women or lone‐parent men (Umberson, Pudrovska, & Reczek, ; Umberson et al, ).…”

La conciliation travail-famille : un engagement pluriel qui se conjugue à l’indicatif présent et qui s’accorde au féminin

“…Leurs analyses auprès de 933 parents ont montré que les femmes et les familles des classes moyennes et supérieures estiment plus important d'aménager du temps de qualité avec les enfants dans l'horaire familial. Au Québec, les données récentes démontrent qu'une ambivalence entre les sphères professionnelle et familiale engendre certaines tensions, particulièrement pour les jeunes mères de famille (Boulet et Le Bourdais, 2016;Fortier et Deschenaux, 2016;Moreau, Tahon et Daigle, 2010;Seery, 2014;Tremblay, 2012). Tremblay, Najem et Paquet (2006) ont observé dans l'Enquête sur les milieux de travail et les employés une hausse des heures de travail à la maison entre 1999 et 2002 autant pour les hommes que pour les femmes, les deux groupes accomplissant respectivement, en moyenne, 6,14 et 6,13 heures de travail à la maison.…”

La genèse organisationnelle de la souffrance au travail : cadrage conceptuel

“…est particulièrement important. Source de stress et ce, encore plus pour les femmes(Boulet et Le Bourdais, 2016;Kempeneers et al, 2015 ; Van Pevenage, 2010) qui assument davantage les tâches domestiques (Lacroix etBoulet, 2013), la difficile conciliation du travail et de la famille constitue l'une des préoccupations majeures pour les travailleurs, toutes générations confondues…”