Brèves et discrètes, les prépositions sont néanmoins omniprésentes dans le discours verbal. Nombre d’entre elles se prêtent à des emplois spatiaux ou plus abstraits. Les géographes y recourent abondamment et profitent de leur propension à relier des entités existantes, à opérer des distinctions et ainsi à structurer la pensée géographique. Cet article a pour objectif principal de montrer comment des géographes s’efforcent de réaliser la traduction catégorielle de certaines prépositions pour mieux penser et pratiquer un espace relationnel. Tout d’abord, la montée de l’intérêt porté par les philosophes aux prépositions pendant la première moitié du xx e siècle favorise l’émergence d’un cadre théorique pour leur emploi raisonné en géographie. Ensuite, les cas des prépositions entre et au bout de sont développés au moyen d’exemples empruntés à la géographie alpine afin de souligner leur pertinence pour aborder des questions non seulement de limite et de distance, mais aussi d’identité, de solidarité et de conflictualité. La préposition avec est également mise en avant dans le cadre d’une réflexion sur la cohabitation entre humains et autres qu’humains. Le rôle des prépositions apparaît ainsi crucial pour toute géographie qui se voudrait plus humaine, plus qu’humaine et pragmatiste, c’est-à-dire attentive aux particularités des situations concrètes et locales.