médecine/sciences poids de plus d'un kilogramme, et ils constituent ce que l'on appelle maintenant le microbiote intestinal. L'étude du microbiote mobilise la communauté scientifique et les médias s'en font largement le relais auprès du grand public [35] (➜). La décou-verte de l'impact des communautés microbiennes sur la santé humaine est largement perçue comme une des avancées importantes de ces dernières années.
De la flore intestinale au microbiote : des rendez-vous manqués ?Il y a quelques années, le terme de microbiote était encore pratiquement inconnu, y compris des professionnels de la santé. Pourtant, on connaissait depuis longtemps son existence, sous un autre terme : la « flore intestinale » désignait les différentes populations bactériennes présentes naturellement dans l'intestin sans engendrer de pathologie, et dont on savait aussi qu'elles participaient au fonctionnement de l'organisme. Dès 1885, Louis Pasteur proposait, dans une note à l'Académie des sciences, d'étudier le rôle des microbes dans la digestion, en maintenant des animaux dans un environnement stérile, « avec l'idée précon-çue que la vie, dans ces conditions, deviendrait impossible » [2]. On peut alors se demander, « pourquoi chercheurs et médecins n'ont pris que très récemment conscience de l'importance du microbiote » ([3], p. 65). « Plus on revient sur les travaux qui témoignent d'une inflexion possible vers la notion de microbiote, plus on a l'impression d'une succession de rendez-vous manqués, d'évidences oubliées, de faits occultés » constate Patrice Debré ([3], p. 64) dans son livre L'homme microbiotique qui présente « les mille et une facettes de la vie en commun de l'homme et des microbes » ainsi que les différentes étapes de la « conquête du microbiote » [33] (➜). En fait, Pasteur n'a pas pris le temps de mener les recherches proposées, préoccupé par ses travaux Des milliards de microorganismes peuplent le corps humain et colonisent toutes nos interfaces corporelles. Ils sont partout : sur la peau, dans les poumons, dans la cavité vaginale, dans la bouche et la salive, dans la gorge, le rhinopharynx, et dans le système digestif. Leur nombre égale celui des cellules qui constituent l'organisme, aux environs de 10 000 milliards [1]. C'est dans le tube digestif et plus particulièrement dans le gros intestin, qu'ils sont le plus nombreux ; ils représentent 35 à 50 % en volume du contenu intestinal, pour un m/s n° 11, vol. 32, novembre 2016