Plaidoyer pour une histoire sociale des idées politiques

Abstract

L’article est fondé à la fois sur un séminaire consacré aux problèmes méthodologiques d’une histoire sociale des idées et sur un travail en cours sur l’histoire sociale du structuralisme français. Tout d’abord, il analyse les rapports différents de l’histoire et de la science politique à l’histoire des idées. Ensuite, il examine les ressources épistémologiques qu’offrent l’école de Cambridge et principalement Quentin Skinner. Son étude de la pensée politique est en effet particulièrement utile pour interpréter les textes sans céder à ce qu’il désigne comme « mythologies » (« mythologie des doctrines », « mythologie de la prolepse » et « mythologie de la cohérence ») et pour prêter attention à un grand éventail de textes au sens large (livres, grands ou petits, pamphlets, mais aussi pièces de théâtre, frontispices, fresques, etc.). Mais si ces écrits fondés sur la philosophie du langage d’Austin et de Wittgenstein sont très précieux pour interpréter sans anachronisme une théorie politique, ils ne s’intéressent pas à ses explications sociales. C’est pourquoi l’article explore deux approches complémentaires. Premièrement, il étudie le lien entre les crises et les idées politiques, à la manière dont Tackett l’a fait pour comprendre la radicalisation des élus aux États généraux ou la montée du républicanisme lorsque Louis XVI a pris la fuite avant d’être arrêté à Varennes. Deuxièmement, il propose une sociologie de tous les producteurs d’idées politiques (auteurs, éditeurs, critiques, journalistes, partis politiques, lecteurs, etc.). Le concept de « champ » (Bourdieu) ou la pluralité des facteurs du droit pour Max Weber sont présentés comme autant de garde-fous face à un déterminisme mécanique. L’article s’achève sur la comparaison entre les « mondes de l’art » de Howard S. Becker et les idées politiques, de manière à être attentif à la dimension collective de celles-ci et aux effets de cette dimension collective sur le contenu des idées.

In hope that scientific nomadism may turn out to be meaningful after all

“…Other texts, other cultural goods, furnish the political and ideological nourishment of most citizens. A ‘social history of ideas’ (Matonti, 2012), questioning their production and reception, widening the definition of ideas worthy of academic attention, is becoming institutionalised in French academia. The study of such objects as spy and detective fiction and TV flow was part of this ground breaking approach.…”

Americanização das Ciências Humanas e Sociais francesas? Cartografia das traduções do inglês, alemão e italiano para o francês (2003-2013)

“…Os trabalhos sobre os intermediários não se limitam às obras de arte, mas se estendem cada vez mais à circulação das ideias (Matonti, 2012) e à circulação internacional das ideias, seguindo o programa traçado por Bourdieu (2002), que ressaltava a importância de estudar o grupo dos importadores. As três operações identificadas por ele, seleção, marcação e interpretação, receberam análises aprofundadas em estudos de caso (Matonti, 2009;Joly, 2012;Hauchecorne, 2019;Baert, 2020).…”

Subversive Concepts: Empires and Beyond

“…It has a strict sociological bent, and the meaning of ideas is seen as grounded in the characteristic of a social group that produces and absorbs them. Its representatives are social scientists rather than historians and they focus, for instance, on modes of producing ideas (including the living conditions of authors and intellectuals), relations within the market of ideas and communication contexts (i.e., the functioning of publishing houses, editorial boards, journals, think tanks, and the like), social settings of the consumers of ideas, and, finally, the institutionalization of ideas (Matonti 2012;Rioufreyt 2019). Arnault Skornicki and Jérôme Tournadre-Plancq stress that political ideas never exist beyond usages and utterances, which, in turn, are historically situated and depend on the strategies of the actors who seize them (2015,4).…”