BiographiePeter Wirtz, agrégé de sciences de gestion, est professeur à l'université Lumière (Lyon 2), où il est coresponsable du master « Finance ». Auteur de plusieurs ouvrages et articles sur la politique financière et la gouvernance d'entreprise, il est membre du centre de recherche COACTIS et est chercheur associé à l'Institut Français de Gouvernement d'Entreprise (IFGE).
RésuméDans une étude pionnière, Fanto (2002) expliquait l'institutionnalisation croissante, en France, du discours d'inspiration anglo-saxonne sur les « meilleures pratiques » de gouvernance par l'existence de biais psychologiques. Ces biais seraient repérables notamment dans les codes de bonne conduite, tels que les rapports Viénot. Les résultats empiriques de Fanto sont intéressants mais très novateurs pour ce type de sujet. L'objectif de cet article est double : (1) répliquer la méthodologie pionnière de Fanto, afin d'apprécier sa robustesse, et (2) l'étendre à un code de bonne conduite rédigé postérieurement, afin d'étudier si les facteurs psychologiques repérés par Fanto sont passagers ou s'ils s'inscrivent dans un processus continu de légitimation de « meilleures pratiques » importées.
AbstractIn a pioneering research, Fanto (2002) explained the growing institutionalization of the Anglo-Saxon based discourse on the « best practices » of governance, in France, by the existence of psychological biases. These biases could be tracked in codes of corporate governance, such as the Viénot reports. Fanto's empirical results are interesting, albeit novel to the field. This article pursues two objectives: (1) replicating Fanto's work to appreciate its robustness, (2) and extending the study to a more recent code to see if the psychological factors unveiled by Fanto are just a fad, or contribute to a more continuous process of legitimating imported "best practices".
Mots-clés :Biais psychologiques, gouvernance, « meilleures pratiques », institutionnalisation.Keywords : Psychological biases, governance, « best practices », institutionnalisation.* L'auteur tient à remercier les participants aux séminaires COPISORG/COACTIS à Lyon, consacrés aux meilleures pratiques, pour les nombreuses discussions fructueuses. Il est également redevable à deux rapporteurs anonymes du congrès de l'AIMS 2007 de Montréal, à Gérard Charreaux, ainsi qu'à Philippe Monin pour leurs remarques critiques et suggestions en vue d'une amélioration substantielle du manuscrit initial. Toute erreur éventuellement persistante relève cependant de la seule responsabilité de l'auteur.
2Les documents qui prétendent proposer un référentiel des « meilleures pratiques » de gouvernance d'entreprise prolifèrent mondialement depuis les années 1990. Ils prennent notamment la forme de codes de bonne conduite, tels le rapport Cadbury au Royaume-Uni et les rapports Viénot et Bouton en France. Sur le fond, les pratiques recommandées dans ces codes sont d'inspiration anglo-saxonne et convergent au niveau international, quel que soit le pays (importance accordée à la discipline et à l'encadrement d...