L’émeute des tramways de 1955, qui a paralysé Montréal pendant toute une journée, demeure un épisode méconnu de l’histoire de la ville. Précédée par deux journées de manifestations, impliquant des étudiants et de jeunes «ߙvoyousߙ», l’émeute a déclenché une série de réactions qui ont mis en lumière de quelle façon différentes autorités (municipales, journalistiques, universitaires) percevaient le rôle de la jeunesse et les dangers de la délinquance. La clémence accordée aux étudiants et la sévérité à l’égard des autres jeunes a révélé comment la «ߙmauvaise conduite élitaireߙ» des premiers était non seulement validée par les autorités, mais également au cœur de la reproduction de l’ordre social. Si les étudiants étaient partie prenante de cette reproduction, ils ont aussi utilisé l’émeute pour enclencher une série de réflexions, particulièrement à l’Université McGill et à l’Université de Montréal, sur l’autonomie universitaire et la nécessité de créer un mouvement étudiant élargi capable de canaliser l’énergie des parades estudiantines pour transformer les corps étudiants en acteurs de la scène municipale.