“…J'ai eu l'occasion de montrer que cette séquence finale de J'ai tué dysfonctionne à de multiples égards (M. Frédéric, 1997): la mention de l'obtention du couteau : «Me voici l'eustache à la main» -dans La Main coupée, Cendrars parle de «l'eustache des assassins» (1946: 198) (1918: 20-21), entraînant un retour de l'hybridation puisque, après une nouvelle envolée poétique, la narration devient véritablement récit, quittant le niveau prototypique pour l'épisodique et opérant une réelle et foudroyante mise en intrigue. L'attente du lecteur enfin comblée (le titre se trouve justifié in extremis), le narrateur n'en assène pas moins un dernier paradoxe, double même: «j'ai le sens de la réalité », dit celui qui n'a cessé de déréaliser les topiques de la guerre, tandis qu'il n'hésite pas à se qualifier de «poète», alors qu'il rangeait son texte sous l'étiquette «prose» (à ce propos, M. Frédéric, 1997: 153-157 (1946: 93) Amender, édulcorer, expliciter le «cri » (selon la très juste expression de M. Touret : 2002) de 1918, telle serait la raison d'être de La Main coupée -un texte fort incontestablement, mais qui résonnera toujours en mineur par rapport à J'ai tué. Il n'en reste pas moins que, dans l'optique qui nous retient, la comparaison des deux ouvrages ne manque pas d'intérêt.…”