Obstacles et facilitateurs à l’inclusion et à la participation sociale des personnes ayant des incapacités intellectuelles

Abstract

Cette recherche a pour objectif d’explorer des obstacles et des facilitateurs reliés à l’inclusion et à la participation sociale de personnes ayant des incapacités intellectuelles issues des services d’intégration en emploi d’un Centre intégré de santé et des services sociaux. Au total, 27 participants ont été rejoints par cette étude au moyen de groupes de discussion et d’entrevues individuelles auprès de personnes ayant des incapacités intellectuelles, de parents, de professionnels enseignants, d’intervenants du réseau de la santé et des services sociaux, d’employés d’un organisme de soutien à la personne et sa famille, ainsi que d’employeurs. Les résultats mettent en évidence 1) des facteurs personnels (compétences sociales, capacité d’adaptation, autonomie), 2) des facteurs environnementaux liés au microenvironnement personnel (style parental, pratiques parentales), au mésoenvironnement communautaire (contextes scolaire, professionnel et communautaire inclusifs et pratiques des professionnels) et au macroenvironnement sociétal (orientations politiques et des services) en lien avec l’inclusion et la participation sociale de personnes ayant des incapacités intellectuelles.

Entretenir les possibles

“…Qu'on les nomme accompagnement, réadaptation psychosociale, insertion, rétablissement, aller mieux (Demailly, 2008) ou encore travail avec autrui (Astier, 2009), ces vocables, avec les connotations singulières qu'ils comportent, renvoient tous à une vocation transformatrice et une finalité régulatrice des métiers relationnels. Or, en se rapportant au contexte contemporain, plusieurs chercheurs dénotent (Doucet et Viviers, 2016;Letscher et al, 2019;Ravon et Vidal-Naquet, 2016;Soulet, 2016;Vultur, 2005), ce que l'on peut génériquement nommer des difficultés, des lieux de grippages ou des pierres d'achoppement qui se posent sur le chemin des praticiens lorsqu'ils tentent de répondre à ces fins.…”

“…Plusieurs concepts visant à qualifier ces lieux de « coincement opératoire » dans la pratique du travail relationnel existent : frein (Gangloff-Ziegler, 2009), conflit (Ndiaye et Abraham, 2016) obstacle (Barbe et Bourque, 2019;Fablet, 2003;Letscher et al, 2019), défi (Goyette et Turcotte, 2004;Tschopp et al, 2013), embarras (Ogien, 2019 ;Philips, 2009 ;Soulet, 2014 ;Verba, 2020 ;Verba et Guélamine, 2017 ;Vernède, 2020) ou encore épreuve (Doucet et Viviers, 2016;Dourlens et Vidal-Naquet, 2016;Gardella, 2016;Ravon et Vidal-Naquet, 2016). Parmi ceux-ci, les notions d'obstacle, d'épreuve et d'embarras ont particulièrement retenu notre attention, car, à la lecture de différents écrits mobilisant ces concepts pour détailler les enjeux contemporains du travail relationnel, nous avons discerné un potentiel analytique ad hoc rendant compte avec justesse des difficultés « ordinaires » qui composent le réel du travail relationnel (Dejours, 2009).…”

“…D'ailleurs, on rencontrera plutôt la formule générique et impersonnelle d'obstacles à l'intervention (voir par ex. : Daneau et al, 2014;Fablet, 2003;Letscher et al, 2019) que celle plus centrée sur la personne, d'obstacles pour l'intervenant. L'épreuve et l'embarras suggèrent au contraire l'émotion, l'affect qui peut toucher les praticiens durant l'exercice de leur mission ou si ce n'est pas de l'émoi, elles mettent du moins plus la focale sur le sujet concerné par ce qu'il convient de faire.…”