Le facteur trophique ADNF-9, un tout petit dans les pas des grands ! L'idĂ©e qu'il pouvait exister un facteur neuroprotecteur sĂ©crĂ©tĂ© par les cellules gliales diffĂ©rent de ceux mis en Ă©vidence jusque-lĂ est venue Ă Douglas Brenneman (NIH MD, USA) et Illana Gozes (Institut Weizman, Tel Aviv, IsraĂ«l) de travaux concernant la neuroprotection assurĂ©e par le VIP (vasoactive intestinal peptide) [1]. Ce neuropeptide de 28 acides aminĂ©s s'est depuis les annĂ©es 1980 rĂ©vĂ©lĂ© capable de protĂ©ger des neurones divers (sensoriels, sympathiques, cĂ©rĂ©-braux, etc.) contre des atteintes trĂšs variĂ©es incluant l'excitotoxicitĂ© par les analogues du glutamate et la toxicitĂ© de la protĂ©ine d'enveloppe gp120 du VIH. Brenneman avait toutefois observĂ© il y a dix ans que cet effet du VIP n'Ă©tait pas direct et passait obligatoirement par la stimulation d'astrocytes [2]. Un certain nombre de facteurs neuroprotecteurs peuvent ĂȘtre produits par les astrocytes mais un paramĂštre troublait les auteurs : l'activitĂ© neurotrophique pouvait ĂȘtre obtenue Ă l'aide de milieu conditionnĂ© astrocytaire extrĂȘmement diluĂ©, trop pour que des facteurs « classiques » puissent ĂȘtre impliquĂ©s. Cela les a conduits Ă rechercher, et Ă dĂ©couvrir, une nouvelle molĂ©cule, l'ADNF (activity-dependent neurotrophic factor), capable d'exercer une action neuroprotectrice Ă des concentrations femtomolaires (10 -15 M) [3], alors que l'effet de la plupart des facteurs neuroprotecteurs connus nĂ©ces-site des concentrations picomolaires, voire nanomolaires dans les mĂȘmes conditions d'expĂ©rience. L'ADNF est une protĂ©ine de 14 kD, dans laquelle les auteurs ont identifiĂ© une sĂ©quence proche de celle de la protĂ©ine heat shock 60 (hsp60) qui, de son cĂŽtĂ©, n'a pas d'activitĂ© neuroprotectrice Ă©vidente, en tout cas pas dans le modĂšle dont les auteurs ont largement usĂ©, et qui a donnĂ© son nom Ă l'ADNF, dans lequel des neurones meurent aprĂšs avoir Ă©tĂ© soumis Ă une inhibition de leur activitĂ© par traitement Ă la tĂ©trodotoxine (TTX). Dans cette sĂ©quence homologue de hsp60, ils ont identifiĂ© un peptide actif de 14 acides aminĂ©s, appelĂ© l'ADNF-14, de sĂ©quence VLGGGSALLRSIPA*, diffĂ©-rant de hsp60 par ses deux sĂ©rines qui remplacent deux cystĂ©ines. ADNF-14 protĂšge les neurones Ă des concentrations incroyables, par exemple dĂšs 0,01 fM pour la toxicitĂ© de gp120 du VIH ou l'excitotoxicitĂ© du NMDA. De façon surprenante, la fenĂȘtre de dose neuroprotectrice efficace Ă©tait limitĂ©e, 10 -13 M Ă©tant inefficace. Dans une Ă©tude trĂšs rĂ©cente [4], les mĂȘmes Ă©quipes ont poussĂ© toujours plus loin vers la simplification en identifiant, Ă l'intĂ©rieur de la sĂ©quence de l'ADNF-14, un peptide de 9 acides aminĂ©s (ADNF-9) encore plus puissant. Ce peptide, de sĂ©quence SALLRSIPA, prĂ©vient la mort neuronale induite par le TTX Ă 10 -17 M mais est encore efficace Ă 10 -12 M. Toute modification de sa sĂ©quence, et tout ajout d'acides aminĂ©s Ă ses extrĂ©mitĂ©s amino-ou carboxy-terminales, provoque une rĂ©duc-tion de son activitĂ© neuroprotectrice ou de sa fenĂȘtre de dose active. L'Ă©tude de la cinĂ©tique d'action de l'ADNF-9 a rĂ©vĂ©l...