> Jusqu'à très récemment, on pensait que le cerveau ne fabriquait des neurones que pendant la période embryonnaire. Il est maintenant clairement démontré que certaines zones restreintes du cerveau contiennent des cellules souches neuronales et conservent la remarquable possibilité de donner naissance à de nouveaux neurones tout au long de la vie adulte [1]. La neurogenèse persiste essentiellement dans deux régions : la zone sous-granulaire (ZSG) du gyrus denté de l'hippocampe et la zone sousventriculaire (ZSV) qui borde les ventricules latéraux. Pour donner une idée de l'ampleur de la neurogenèse, on estime chez le rat de 10 000 à 30 000 le nombre de nouveaux neurones produits chaque jour dans la ZSV. Ces neurones migrent rostralement (rostral signifie vers le nez, du latin rostrum : bec) sur plusieurs millimètres par une voie qu'on appelle la voie de migration rostrale (VMR) pour s'intégrer dans le réseau préexistant du bulbe olfactif. La fonction de ces neurones reste inconnue chez l'homme, mais la présence de cellules souches représente un énorme potentiel clinique. Il est donc crucial de découvrir les méca-nismes régulant la neurogenèse chez les mammifères, ce qui ouvrirait la voie à son amplification pour réparer le cerveau ou à sa diminution si ces cellules souches deviennent cancéreuses. Les mécanismes de régulation associent un programme génétique et des signaux en provenance du microenvironnement cellulaire, et nous nous sommes intéressés à ces signaux et plus particulièrement à l'un d'entre eux, le neurotransmetteur glutamate. Le glutamate est le principal neurotransmetteur excitateur du système nerveux adulte. Son rôle est important lors du développement cérébral embryonnaire, et l'un de ses récepteurs, le récepteur N-méthyl-D-aspartate (NMDA) joue un rôle déterminant dans la survie des nouveaux neurones dans l'hippocampe [2]. Au niveau de la ZSV, la signalisation glutamatergique semblait n'apparaître que très tardivement, une fois les cellules sur le point de s'intégrer dans le bulbe olfactif. Néanmoins nos études précédentes démontraient la présence et la fonctionnalité d'autres récepteurs au glutamate durant la migration rostrale [3]. Nous avons donc entrepris de caractériser plus en détails l'apparition des récepteurs NMDA, la source du glutamate qui les active ainsi que le rôle de ces récepteurs en utilisant la technique knock-out sur cellule unique in vivo [4].Expression des récepteurs NMDA sur les neuroblastes émergeant de la ZSV Nous avons tout d'abord analysé l'expression des récepteurs NMDA lors de la phase de migration/maturation des neuroblastes dans la ZSV et la VMR. Nous avons pour cela utilisé deux techniques, l'électrophysiologie et l'imagerie calcique, que nous avons appliquées à des tranches de cerveau. L'électrophysio-logie permet d'enregistrer les courants qui passent au travers de la membrane cellulaire et elle possède la sensibilité suffisante pour identifier la présence d'un seul canal. L'imagerie calcique utilise une sonde calcique fluorescente qui est introduite dans une popul...