Mots pour maux . Théories diagnostiques et problèmes de santé

Abstract

International audienceThe respondent reporting on health problems collected in 1999 by the French national survey “Handicaps-Incapacités-Dépendance” [Disabilities-infirmity-dependence] provides access to a multitude of ways of presenting health disorders. Textual analysis of this material shows that self-reports vary by social background, illustrating Luc Boltanski’s notion of somatic culture. However, it is possible to go beyond this observation and show that ways of presenting health problems are also and indissociably ways of understanding disease—what we call here “diagnostic theories.” Drawing on the examples of mental illness and Alzheimer-type disorders, the article shows the relevance of taking into account other factors, particularly the social and moral construction of pathologies, the treatment configurations specific to each French medical-social sector, but also family configuration, as the issues involved in modes of organizing daily life vary according to those configurations.Les déclarations de problèmes de santé recueillies en toutes lettres dans l’enquête nationale « Handicaps-Incapacités-Dépendance » de 1999 donnent accès à la multitude des manières de les énoncer. Une analyse textuelle de ces données permet de montrer que les déclarations varient en fonction du milieu social, illustrant la notion de culture somatique forgée par Luc Boltanski. Il est cependant possible d’aller au-delà de ce premier constat et de montrer que ces manières de dire sont indissociablement des manières de penser la maladie, appelées ici théories diagnostiques. En prenant les exemples du handicap mental et des troubles de type Alzheimer, cet article souligne l’intérêt de prendre en compte d’autres facteurs, en particulier la construction sociale et morale des pathologies, les configurations de prise en charge propres à chaque secteur médico-social, mais aussi les configurations familiales qui font varier les enjeux liés aux modes d’organisation quotidienne

To what extent does diagnosis matter? Dementia diagnosis, trouble interpretation and caregiving network dynamics

“…Methodologically, troubles are induced retrospectively, because they are, by definition, embedded in posterior interpretation. The concept of trouble fits particularly well with dementia, since dementia‐related problems can be interpreted in many different fashions, before being formally qualified; from little difficulties due to the ‘normal’ process of ageing, the emotional consequences of retirement, or the effects of another health problem (Béliard and Eideliman ). The range of possible interpretations varies all the more across cultures (Cohen ).…”

“…This disease recently gained important media coverage, frightening some elders who sometimes go to memory clinics for the slightest memory loss (Brossard ). Furthermore, there are many ways to present such disorders (Béliard & Eideliman ) and some of them prevent from the use of health services (Carpentier et al . ): ‘little’ memory loss or even punctual disorientation episodes can be considered as due to ‘normal’ ageing; therefore, formal medical advice is not necessary.…”

“…Furthermore, they examine how relatives make interpretations of and react to the diagnosis disclosure, highlighting either diverse representations of the disease (Belgrave et al . , Béliard and Eideliman ), diverse reactions to its announcement (Aminzadeh et al . , Robinson et al.…”

Situating disability. The recognition of “disabled workers” in France

“…If the programmes devoted to socalled abnormal (to become "maladjusted") childhood and to disabled adults have merged into the field of disability, the boundary with the more aged has been maintained, as shown by the persistence of an eligibility threshold of 60 years of age for several measures, effectively distinguishing disability (in children and adults) from dependency (in the elderly) (Weber, 2011). The consequences of these divisions by criteria of age are significant and not limited to administrative divisions; they also influence how individuals categorize their health problems (Béliard and Eideliman, 2014). Jean-François Ravaud, Isabelle Ville and Alain Letourmy (2002) show that the probability of declaring oneself disabled, for equivalent everyday limitations, "depends on the economic value of a person in terms of employment" (Ibid., p. 549).…”

Entretenir les possibles

“…Cette forme de mise en scène d'une interaction jeune/praticien jouée par un intervenant rencontré au Québec est des plus parlante, car elle éclaire avec perspicacité les raisons des « malaises professionnels » vécus autour de la communication concernant les troubles mentaux :« On l'a jamais amené à l'hôpital pour ça (un trouble mental), je veux dire, c'est comme un original dans son environnement et finalement, il y a beaucoup de choses qui font qu'il nuit à autrui parce qu'il a une problématique au niveau de sa santé, c'est pas de sa faute, tu sais, il en a besoin, mais c'est très touchy aussi comme on dit, parce qu'on peut pas dire à un jeune, je pense que tu as un problème de santé mentale, ah tu penses que je suis fou ! (il imite le jeune en tapant sur la table et en s'exclamant), là tu peux le perdre aussi là comprends schizophrénie, il va se poser des questions qu'est-ce que je fous là, il va faire, quoi tu penses que je suis fou, il faut que tu répondes et il te regarde là, tu comprends donc tout est là aussi, mais il n'a pas de diagnostic donc comment l'amener avant un diagnostic et c'est dans le lien et des fois, ça prend du temps, tu comprends » (Intervenant psychosocial, CJE, Québec) proche, démontrant le rôle de quête de sens(Béliard et Eideliman, 2014;Strauss et Corbin, 1988) et de reconnaissance(Honneth, 2013) que peut jouer le diagnostic. Néanmoins, parler des troubles mentaux peut soumettre les praticiens à d'autres situations d'embarras à lier à la période charnière qu'est le devenir adulte.5.2.2 Performativité des diagnostics dans un tournant identitaire« Ce processus (de demande de prestations AI) dans un moment où l'identité et le narcissisme sont mis à mal, c'est compliqué.…”