Monolinguisme politique dans une société plurilingue ? Le cas du Luxembourg

Abstract

Dans une perspective de sociologie historique du politique, cet article reconstitue la dynamique de mobilisation de la langue luxembourgeoise dans un contexte marqué par une présence croissante d’étrangers dans les années 1980. S’appuyant sur une diversité de sources empiriques (archives de presses, débats législatifs, entretiens), il montre comment l’institutionnalisation du luxembourgeois comme langue nationale par la loi en 1984 conduit à une réaffirmation du lien entre la maîtrise de cette langue et l’accès à des droits politiques. À travers le cas du Luxembourg, il s’agit plus largement d’analyser la prégnance d’une norme démocratique historiquement liée au modèle de l’État-nation monolingue sur les sociétés plurilingues contemporaines.

Governing complex linguistic diversity in Barcelona, Luxembourg and Riga

“…Legislative documents, however, are written only in French, and on the judicial level, only the French language text is deemed authentic for all levels of public administration. In spite of the de jure trilingualism, the Luxembourgish language plays a central role in the field of politics, on the national, and even more so, on the local level, to the extent that one may speak of a de facto ‘political monolingualism’ (Garcia, 2014a, 2014b). While in the Luxembourgish Parliament language use is formally free, the use of Luxembourgish clearly predominates, and electoral legislation stipulates that municipal council meetings should be held in Luxembourgish.…”