La chirurgie coelioscopique de l'endométriose profonde atteignant les ligaments utérosacrés et le rectum induit classiquement des troubles mictionnels postopéra-toires imputables aux lésions nerveuses du plexus présacré dont les terminaisons nerveuses peuvent être lésées en per-opératoire. Cependant, les patientes consultant pour ce type de pathologie décrivent fréquemment des signes fonctionnels urinaires avant toute intervention chirurgicale.Objectif : Cette étude a pour but d'évaluer l'existence de troubles mictionnels préexistants par un bilan urodynamique préopératoire.Matériel et méthodes : Il s'agit d'une étude prospective descriptive non comparative chez 23 patientes consécutives venues consulter pour prise en charge chirurgicale d'une endométriose profonde atteignant cliniquement et radiologiquement les ligaments utéro-sacrés, le torus utérin et/ou le rectum.Résultats : L'âge moyen de ces patientes est de 32,3 AE 6,2 ans [19-42] au moment de la prise en charge. La parité moyenne est de 0,4 AE 0,9 enfant [0-2]. Ces patientes sont atteintes d'une endométriose profonde évaluée par un examen clinique soigneux et par une imagerie de type échographie abdominopelvienne sus-pubienne et endovaginale associée à une imagerie par résonance magnétique. À l'interrogatoire, six patientes ne présentent aucun signe fonctionnel urinaire (26,1 %). Les 17 autres ont au moins un signe parmi les suivants : pollakiurie diurne, incontinence urinaire, miction par poussée, pollakiurie nocturne, urgenturie, brûlures mictionnelles, crampes vésicales, diminution de la sensibilité vésicale (une infection urinaire a systématiquement été éliminée). Le bilan d'imagerie retrouve une atteinte annexielle dans cinq cas (21,7 % cas), de l'adénomyose dans sept cas (30,4 %), de l'endométriose au niveau rectal dans 14 cas (60,8 %), au niveau du torus utérin dans 16 cas (69,6 %), au niveau des ligaments utérosacrés dans 18 cas (78,3 %). Une seule atteinte vésicale a été mise en évidence (4,3 %).Le bilan urodynamique réalisé en préopératoire est strictement normal pour quatre patientes seulement (17,4 %). Trois patientes présentent un résidu postmictionnel notable (13,0 %), pathologique dans un cas (supérieur à 100 ml). La pression moyenne de clôture urétrale est de 85,5 AE 28,6 cmH 2 O . Neuf patientes présentent une hypertonie urétrale (39,1 %), quatre patientes une instabilité urétrale (17,4 %), quatre patientes une dysurie (17,4 %), quatre patientes une vessie hypersensible (17,4 %), trois patientes une insuffisance sphinctérienne (13,0 %), deux patientes une grande vessie hypoesthésique avec pression de clôture limite (8,7 %) et enfin une patiente une petite capacité vésicale (4,3 %).Conclusion : Les patientes atteintes d'endométriose profonde, dont la localisation touche les ligaments utérosacrés et/ou la face antérieure du rectum, présentent très fréquemment une symptomatologie fonctionnelle urinaire préopératoire. L'interrogatoire est fondamental dans l'évaluation de celle-ci, mais seul le bilan urodynamique permet de préciser l'atteinte ...