Le Tardiglaciaire du Grand-Ouest de la France fait l'objet de nouvelles recherches depuis quelques années. La situation de cette région à la fin du Pléistocène était en effet totalement méconnue il y a encore vingt ans ce qui a valu au Grand-Ouest d'être systématiquement écarté des grandes synthèses françaises et européennes sur le sujet. La reprise de collections anciennes à l'attribution chrono-culturelle incertaine et la mise en place de nouvelles opérations ont néanmoins permis de restructurer le Paléolithique supérieur régional. Ces travaux ont dans un premier temps amené à proposer un nouveau modèle d'organisation des industries. Conséquence de cette révision, certains ensembles, longtemps considérés comme magdaléniens, ont été rajeunis de quelques millénaires et placés à l'extrême fin du Tardiglaciaire. Ce sont ces industries dénommées ici « post-aziliennes » qui font plus précisément l'objet de cet article. En nette rupture avec les temps qui l'encadrent, cette période voit l'objectif lamino-lamellaire reprendre une place prépondérante au sein de la production. Ces supports, réguliers et normés, ont été obtenus à partir de méthodes de débitage élaborées sur des matériaux de bonne qualité. Les lamelles ont été transformées en différentes gammes de pointes de projectile. Si les armatures axiales tiennent une place essentielle au sein des carquois, nos analyses ont également mis en évidence le développement de projectiles à tranchants transversaux. La représentation de ces différentes gammes d'armatures diffère d'une région à l'autre de l'Europe et suggère l'existence de différentes traditions. Dans le Grand-Ouest, comme dans le Sud-Ouest de la France et le Bassin parisien, les éléments laboriens / épilaboriens sont omniprésents. Cette région livre cependant aussi des pointes, encore méconnues dans la moitié ouest de la France et caractéristiques du Nord de l'Europe. Si la composition des carquois de ces groupes de chasseurs-collecteurs varie d'un secteur à l'autre de l'Europe, l'étude du sous-système lithique permet de mettre en évidence une large diffusion de concepts techniques forts en termes d'objectifs et de méthodes de production lithique. Ce phénomène nous amène à proposer l'hypothèse d'un grand techno-complexe paneuropéen composé de différentes traditions techniques pas toujours strictement contemporaines et aux limites plus ou moins perméables. Cette nouvelle vision des sociétés de la fin du Tardiglaciaire permet peu à peu de développer des réflexions quant à l'organisation socio-économique de ces groupes humains dans un contexte environnemental en pleine mutation.