C’est pendant la guerre froide que la rupture entre la Turquie et le monde arabe aura été la plus évidente. Le gouvernement de l’AKP, au pouvoir depuis 2002, a mené une politique d’ouverture économique, de médiation politique et de soft power active en direction du monde arabe. C’est surtout après 2007, en 2009-2010, que la politique de « zéro problème avec les voisins » s’est déployée en direction de l’Irak et en particulier de la Syrie. Les « printemps arabes » ont brutalement remis en cause cette politique, et fortement réduit la capacité d’influence régionale de la Turquie. La crise syrienne, le retour de la diplomatie égyptienne, l’activisme du Qatar, les tensions avec l’Iran, la Russie et Israël : autant d’éléments qui contraignent Ankara à subir le mouvement plus qu’à le maîtriser. L’issue de la crise syrienne sera évidemment décisive pour la nécessaire redéfinition de la politique régionale arabe d’Ankara.