Entre les recherches sur les premiers divorces du xix e siècle et les recherches sociodémographiques sur les divorces actuels (en particulier à partir des années 1960), les études historiques sur les désunions judiciaires, et surtout sur les désunis, sont rares. Mais, avant d’entreprendre une histoire des séparés et des divorcés, il est important de poser un vaste cadre de compréhension de l’évolution des séparations et des divorces en France de la Révolution à 1975. À partir de données agrégées à l’échelle du pays et parfois des départements, l’idée de cet article est de tracer une première histoire quantitative des désunions qui servira de cadre d’analyse dans lequel des recherches plus fines, à l’échelle individuelle et donc souvent limitées au niveau spatial ou temporel, pourront s’inscrire. Cette analyse de longue durée permettra de connaître l’évolution du nombre des désunions en deux siècles et celles des couples qui se séparent ou divorcent pour comprendre quels peuvent être les freins ou les motivations à la demande de désunion, leurs variations temporelle et genrée. À travers l’histoire des désunions, c’est une nouvelle approche de l’évolution des rapports de genre et de la place des femmes dans la famille et la société qui est visée ainsi qu’une meilleure compréhension des mécanismes qui amènent à l’adoption d’un nouveau comportement jusqu’alors peu usité ou même interdit.