Les pratiques informationnelles des personnes transgenres

Abstract

Cet article restitue les résultats d’une enquête ethnographique conduite dans le milieu LGBT+ de la ville de Reims et apporte un éclairage sur les pratiques informationnelles des personnes transgenres qui restent peu étudiées dans le champ des sciences de l’information. Il montre que leurs activités de recherche d’information sont menées au sein de diverses sources (médias sociaux, serveurs Discord, groupes de parole, réseaux de pair·es), portent sur les aspects médicaux et sociaux de la transition, leur permettent d’obtenir un soutien informationnel et émotionnel, mais aussi de développer des compétences psychosociales et une expertise profane en santé. Ces nouveaux savoirs leur permettent de satisfaire leurs besoins informationnels et de prendre des décisions éclairées sur la manière dont elles veulent réaliser leur transition.

Personnes trans et soutien social en ligne

“…L 'étude du serveur Parole Trans Reims (hébergé sur la plateforme Discord) que je présente dans cet article est issue d'une enquête ethnographique conduite dans le milieu trans rémois entre 2020 et 2022, au sein de différents espaces de sociabilité : ce serveur, mais aussi une association LGBT+ dont je suis membre (Stassin, 2022). L'enjeu de cette enquête est d'analyser les pratiques informationnelles d'un groupe de personnes transgenres et plus particulièrement l'usage qu'elles font de l'information dans les différentes étapes de leur parcours de transition.…”

“…Elles donnent accès à des images plus positives que celles longtemps renvoyées par les médias, le cinéma et la télévision, oscillant entre fétichisme et sensationnalisme, psychiatrisation et sexualisation des femmes trans (Alessandrin, 2012 ;Karami et al, 2018), et comblent un déficit de représentations, notamment pour les hommes (FtoM) invisibilisés jusqu'au début des années 2000 (Espineira, 2015b). Elles forment des safe spaces 1 , où l'on se retrouve, un temps, dans l'« entre-soi », à l'abri des discours psychiatrisants, transphobes et alarmistes (Stassin, 2022).…”