Au milieu du xixe siècle, l’ouverture du
Saguenay et de la Côte-Nord à la colonisation entraîne une dégradation de la santé
autochtone. Devant les ravages engendrés par prolifération des épidémies, le département des
Affaires indiennes est appelé à étendre son programme de vaccination contre la variole qu’il
estime être une mesure humanitaire et peu couteuse permettant de protéger les Innus. Les
médecins pratiquant dans ces régions de colonisation y voient quant à eux une opportunité de
faire subventionner la pratique médicale au profit de l’ensemble de la population. Adoptant
une perspective hygiéniste misant sur la prévention des maladies à partir des années 1870,
ils perçoivent les habitations surpeuplées des réserves, l’irresponsabilité des autochtones
et leurs tendances nomades comme de dangereuses menaces pour la santé publique. Avec l’appui
d’élus locaux et de l’agent des Indiens, ils amènent l’État à fonder un « hôpital indien » à
Pointe-Bleue (1876-1894) afin de soigner cette population perçue comme négligente. La
présence d’infirmières innues embauchées pour prodiguer les soins aux patients de leur
communauté permet toutefois d’entrevoir dans l’institution plus qu’un simple outil de
contrôle des corps autochtones par le pouvoir colonial.