Cet article porte sur la concurrence morphologique entre trois préfixes de haut degré ( méga -, giga - et hypra -), dont l’emploi s’est développé au cours des trois dernières décennies. Cette concurrence est étudiée à partir de l’analyse d’un échantillon aléatoire de 300 occurrences dans un corpus du français contemporain. Il apparaît que les trois préfixes se distinguent par la catégorie grammaticale de leurs bases de prédilection (adjectifs pour hypra- , noms pour méga- et giga- ). Par ailleurs, la frontière entre emploi proprement affixal et emploi lexical est ténue, en particulier pour hypra -, qui manifeste une autonomie plus grande que méga- et giga- et peut souvent s’apparenter à un adverbe. L’examen des dérivés construits atteste de l’existence fréquente de doublons, à la fois entre les trois préfixes étudiés et avec les autres préfixes de haut degré. Si ce doublonnage peut en partie s’expliquer par des spécificités d’ordre sémantique, stylistique ou sociolinguistique, il semble néanmoins exister des cas d’indistinction entre formes rivales. L’apparition de préfixes de haut degré néologiques actualise ainsi une propriété caractéristique de la morphologie évaluative, qui est de pouvoir disposer en abondance de procédés de construction dont la distinctivité est parfois faible.