Quel sens attribuer à l’expérience dont il est fait état dans La Connaissance des textes. Lecture d’un manuscrit illisible (Galilée, 2001) de Simon Hantaï, Jacques Derrida et Jean-Luc Nancy ? Richement illustré, cet ouvrage recueille la correspondance entre les trois amis à la suite d’une première collaboration pour le livre de Jacques Derrida, Le Toucher, Jean-Luc Nancy (Galilée,2000), accompagné de « travaux de lecture » de Simon Hantaï. Entre 1958 et 1959, l’ancien membre du groupe surréaliste Simon Hantaï a travaillé à la réalisation d’un tableau, finalement nommé Peinture. (Écriture rose), en recopiant divers textes poétiques, liturgiques ou philosophiques sur une toile. Lorsqu’il reprend, quarante ans plus tard, sa tâche de peintre-copiste, il y voit toujours une manière de véritablement « connaitre » les textes. À ses yeux, le peintre n’est en rien un illustrateur, mais plutôt un intercesseur ouvrant à la lecture de l’illisible. Qu’est-ce qui se trouve éclairé par le travail d’Hantaï à la jonction de deux pensées philosophiques ? Cette étude interroge le statut de cette singulière expérience de lecture où, paradoxalement, le peintre partage l’écriture avec deux philosophes.