La présente étude vise à saisir toute l’importance de la consanguinitas comme facteur de légitimité au miroir de la carrière d’Odon de Villars. En effet, cette notion, complexe et polysémique est réinvestie à plusieurs niveaux, spécialement dans le cadre du service au prince. Le vocabulaire de la parenté par le sang est alors pleinement convoqué comme ressort positif de l’action. Dans un premier temps, Odon est élevé à la cour du sire avec Humbert, le propre fils de ce dernier. Issu d’une branche cadette, il accède à un surcroît de légitimité par cette intégration au destin de la branche aînée ; le sire le considérant comme son second fils. L’étude du vocabulaire est assez révélatrice de la proximité des individus, Humbert parlant d’Odon comme de son « frère consanguin ». Dans un deuxième temps, l’aventure amène Odon de Villars à servir en Avignon le pape Clément VII, beau-frère de son cousin. Parallèlement, il entre à la cour des comtes de Savoie. C’est ainsi qu’il tient les rênes de la principauté lors de la minorité du comte Amédée VIII dont il est le gouverneur. Or, se tenant à la confluence des partis, un consensus indispensable semble s’établir autour de lui, en vertu justement en grande partie de cette consanguinitas. Il apparaît plusieurs fois notamment en qualité de consanguineus domini , ce qui renvoie pour partie seulement à une parenté réelle, mais ce qui, plus encore, marque son action du sceau de légitimité tout en valorisant sa position sociale dans la hiérarchie des serviteurs de l’État savoyard. Par-delà les formules d’usage, c’est toute cette ambivalence sémantique qu’il convient d’étudier, entre légitimité personnelle et reconnaissance institutionnelle. En fin de compte, le champ de la consanguinitas , dans ses usages pluriels, occupe une place éminente dans l’arsenal sémantique médiéval. La communion de sang demeure un élément fort structurant les relations de parenté et plus encore, l’horizon idéel et le langage politique de l’époque, en particulier dans la société aristocratique.