L'étude qui suit concerne un usage particulier de l'éloge dans l'Antiquité grecque. Elle a pour ambition d'analyser en détail le contenu d'une réplique qu'Agathon prononce au début du Banquet de Platon (lequel a été composé dans les années 380-375 av. J.-C.). Alors que le moment du repas est arrivé, Agathon demande à ses esclaves de servir ses hôtes, quand bien même Socrate n'est pas encore arrivé. La réplique, qui tient en cinq lignes de grec, a ceci de particulier que le locuteur s'avère a priori très aimable envers ses domestiques, en allant jusqu'à leur promettre des éloges. Nous nous proposons, en tenant compte du contexte précis de l'énonciation (soit un banquet organisé en 416 av. J.-C.), de dégager le sens réel de la promesse formulée par Agathon et d'en expliciter les sous-entendus. L'intérêt d'une telle étude est de mettre au jour un aspect précis de la pratique encomiastique des anciens dans une circonstance de la vie quotidienne telle que le banquet. Avant d'examiner le passage en question, il vaut la peine, pour en comprendre toute la portée, de faire quelques rappels élémentaires sur l'événement sympotique et sur le rôle des esclaves au cours de ce rituel. L'éloge des esclaves (Platon, Banquet, 175b5-c2) Exercices de rhétorique, 11 | 2018