Les Autochtones dans le Québec post-confédéral

Construction de l'identité québécoise : des impacts sur la science politique autochtoniste

“…Il importe cependant de noter que la plupart des universitaires issus de communautés autochtones font paraître leurs travaux en anglais ; seuls quelquesuns ont fait paraître des travaux en français (par exemple, Sioui, 1989, en histoire, Ross-Tremblay, 2013, 2015et Saganash, 1993. 3 Par exemple, Beaulieu, Gervais et Papillon, 2013b, Desbarats, 2000, Gélinas, 2007et Lévesque, 2002 Le présent article se centre sur les travaux des politologues relatifs aux rapports politiques entretenus entre les peuples autochtones et le Québec ou la société nationale francoquébécoise. Sont incorporés dans notre corpus des travaux appartenant à d'autres disciplines que la science politique lorsqu'ils ont des échos politiques importants et sont cités par des politologues.…”

“…Si la littérature qui relate les premiers rapports entre Amérindiens et colons français en Nouvelle-France fait écho à l'importance capitale des premiers pour les deuxièmes, les écrits parus dans les années qui suivent reflètent le rejet ultérieur de l'héritage autochtone, culturel comme génétique, par les autorités cléricales et coloniales. Selon Gélinas (2007), l'oeuvre de François-Xavier Garneau (Histoire du Canada, 1845-48) marque et annonce cette orientation dominante dans le discours savant canadien-français de la seconde moitié du 19 ème siècle : un ton distinctement nationaliste qui tend à occulter la place des peuples autochtones dans l'histoire de l'Amérique française. Quand les chefs et communautés autochtones (hormis les Inuit, géographiquement absents) n'y assument pas des rôles de faire-valoir des puissances colonisatrices européennes, ils sont en outre montrés comme l'envers culturel, la contrepartie «sauvage» des colons d'origine européenne.…”

“…Elles ne réapparaissent dans les réflexions savantes au Québec qu'avec la Révolution tranquille : le déclin de l'insécurité culturelle canadienne-française permet aux chercheurs franco-québécois de graduellement abandonner l'approche nationaliste, jusqu'alors le mode dominant de la représentation des réalités autochtones, pour en adopter une plus ouverte et analytique. D'après Trigger (1986) et Gélinas (2007), le champ de l'ethnologie autochtoniste n'avait jusque-là été occupé pour l'essentiel que par des spécialistes américains et canadiens-anglais. Comme le remarquent Desbarats (2000) et LeBel (2005), ce champ est graduellement investi, à partir de 1970, par des chercheurs franco-québécois, qui travaillent à réintégrer les peuples autochtones dans l'horizon politique contemporain et contribuent à dénoncer le caractère colonial de l'historiographie classique.…”

“…Nous en avons identifié quelques ressorts politiques et nous en avons situé certaines contributions, dont celles relatives à son expertise thématique, et certaines limites, quant à son ton et son volume. Bien qu'elles se soient multipliées, approfondies et spécialisées dans les deux dernières décennies, plusieurs observateurs remarquent d'abord que les publications autochtonistes demeurent peu nombreuses (Gélinas, 2007. Cette tendance n'appartient pas en propre à la science politique francoquébécoise : elle s'étend à la science politique canadienne de manière générale.…”

Sortir de l'invisibilité

“…La contemporanéité de cette avancée illustre leur marginalisation au sein de la communauté politique canadienne. Cette position est le fait d'une relation coloniale au sens classique, soit unilatérale, puisque leur devenir avait été confié aux autorités fédérales conformément à une attitude paternaliste (Gélinas, 2007). Considérant l'acquisition du droit de vote comme la manifestation absolue de la citoyenneté, force est de constater que le plus prôné se traduit par davantage que la possibilité d'exprimer sa voix dans l'agora de la société civile.…”