Les adolescents brésiliens en conflit avec la Loi

Abstract

A contrario d’une image d’intégration harmonieuse, les jeunes Brésiliens pauvres, issus des populations natives ou descendants des esclaves déportés d’Afrique, subissent une violence sociale trop souvent extrême. Le meurtre et le suicide constituent le destin tragique de dizaine de milliers de ces adolescents chaque année. Cet article vise à caractériser cette violence sociale et en analyser les ressorts. Il montre qu’il s’est instauré un nouage très serré entre une stratification et une discrimination sociales qui produisent une disqualification de la Loi symbolique et des lois sociales. Ce nouage se rejoue de manière féroce dans les institutions destinées à accueillir, protéger et accompagner ces adolescents de telle sorte qu’elles reproduisent un déni de la Loi symbolique et bafouent les lois sociales en agissant des transgressions majeures des interdits fondamentaux. La prévalence de la loi du plus fort – qui n’a de loi que le nom – revendiquée par les professionnels comme par les adolescents, configure l’ensemble institutionnel sous le primat du phallique et partant d’une position de dureté et de légitimation de la violence, associées à une prise de pouvoir par des figures et des instances tyranniques.