“…Actuellement, la formation des agriculteurs passe par différentes structures de l'enseignement technique agricole, voire dans des cas plus rares, par les écoles d'ingénieurs� Ces différentes formations ont en commun d'être basées sur des éventails d'enseignements monodisciplinaires (comme par exemple les sciences du végétal, la zootechnique ou l'économie)� En 2018, les activités qui mobilisent des connaissances multiples, assimilables à de l'interdisciplinarité ne représentaient qu'environ 20 % des activités proposées pour l'obtention du baccalauréat professionnel et du brevet de technicien supérieur (BTS) (DGER, 2018)� Néanmoins, des progrès en la matière ont été faits depuis le lancement du plan « Enseigner à produire autrement » en 2013� Certaines formations, en école d'ingénieur en particulier, sont entièrement consacrées à l'agroécologie, même si elles le sont souvent sous le prisme dominant d'une discipline en particulier, comme l'écologie par exemple� La question du « produire sans pesticides » n'est pour l'instant pas traitée en tant que telle du fait du manque de connaissances à ce sujet, hormis dans les formations portant sur l'AB� Ainsi, il semble important de questionner l'actuelle organisation de l'enseignement agricole, en s'interrogeant notamment sur la nécessité de développer des activités pédagogiques interdisciplinaires qui permettent d'accompagner les futurs agriculteurs et leurs conseillers vers la production sans pesticides� Par exemple, l'évaluation de la triple performance (économique, environnementale, sociale) de pratiques innovantes permettant de se passer de pesticides serait utile non seulement pour les faire découvrir aux étudiants, mais aussi pour prendre du recul quant à leur mise en application dans différents contextes� De plus, l'enseignement actuellement dispensé repose sur des faits parfaitement établis scientifiquement ou des méthodes éprouvées� Or, les pratiques conduisant à une forte diminution des pesticides sont émergentes, souvent issues de la pratique d'agriculteurs pionniers, et varient souvent d'une zone géographique à une autre� Il pourrait donc être souhaitable d'imaginer de nouvelles façons d'enseigner ces éléments encore en construction, en les adaptant notamment à la diversité des lieux et en s'appuyant plus sur les agriculteurs innovants (Gardiès et Hervé, 2015)� Enfin, apprendre à gérer l'incertitude, à évaluer les risques et à entreprendre des transitions sont des compétences aujourd'hui essentielles pour un agriculteur� Les formations agricoles devraient leur permettre de les acquérir (DGER, 2018)� Pour cela, l'utilisation de « jeux sérieux », en particulier ceux couplés à un outil de modélisation, représente une piste intéressante car ces « jeux » permettent de prendre en compte une multitude de facteurs (météo, choix d'itinéraires techniques) et de visualiser simplement leurs conséquences (Jouan et al, 2020)� En parallèle, la formation dite « par projets » favorise l'autonomie et la prise de décision de l'étudiant en le faisant travailler sur des problématiques concrètes� En outre, dans le but d'accompagner la montée en compétence des agriculteurs, une politique qui consisterait à favoriser les formations supérieures par alternance à tous les niveaux pourrait être envisagée� Cela permettrait d'accompagner des jeunes peu scolaires vers une poursuite d'études plus longues, de type école d'ingénieur, et ainsi de leur faire acquérir des compétences supplémentaires, en particulier autour de la gestion des transitions et de la mise en place de stratégies globales en prenant en compte l'ensemble des contraintes techniques, environnementales et économiques auxquelles sont confrontés les agriculteurs� Enfin, un accès facilité à la formation continue de haut niveau pour les agriculteurs en simplifiant leur financement, voire même en favorisant l'accès aux services de remplacement pendant les formations, repré...…”