En France, suite aux attentats de Paris en 2015, plusieurs enquêtes d’opinions et articles de presse (Kreis, 2015) établissent des liens importants entre « numérique », « théories du complot », « crédulité » et « radicalisation » qui toucheraient en particulier la jeunesse actuelle. A partir d’une enquête ethnographique dans des établissements scolaires secondaires en France et en Suisse, cet article propose d’apporter un éclairage sur la diversité des représentations et usages des « théories du complot » chez des adolescents (15–18 ans). Il abordera notamment l’éclectisme et la polysémie des « théories du complot » en circulation sur le Web et dans l’industrie du divertissement. Enfin, il prêtera une attention particulière aux comportements que ces adolescents adoptent face au jugement que leurs pairs ou les enseignants – voire la chercheuse – pourraient porter sur ces thématiques dans un contexte où ces dernières sont souvent réduites à un mode de pensée irrationnel ou un signe d’embrigadement politique ou religieux.