endant longtemps, le paysage géopolitique de l'Asie a été marqué, d'un côté, par les alliances stratégiques bilatérales avec les États-Unis et, de l'autre, par des stratégies développementalistes fortement inspirées du modèle japonais des oies sauvages. L'Asie serait ainsi devenue la région par excellence de tous les miracles économiques, sans que le protectorat de facto des États-Unis ne soit remis en question, sans non plus que le Japon, malgré sa puissance et l'étendue de ses réseaux d'entreprises, ne parvienne à s'imposer comme leader régional et à changer ainsi l'ordre établi. Davantage encore que la fin de la Guerre froide, la globalisation et le décollage rapide de la Chine ont bouleversé les équilibres établis. Les États-Unis sont toujours la première puissance militaire en Asie, les flux commerciaux demeurent orientés vers eux et les alliances bilatérales restent au coeur de l'édifice de paix économique qu'ils y ont construit. Les échanges économiques se réorganisent toutefois, la dynamique de la croissance se déplace graduellement vers la Chine et le nouveau défi qui s'impose aux États-Unis est de participer à cette nouvelle dynamique, tout en cherchant un modus vivendi dans la région. De son côté, la Chine poursuit sa politique d'ouverture et de charme en se concentrant sur son développement et sur sa relation privilégiée avec les États-Unis, tout en feignant d'ignorer le Japon. Quant à celui-ci, il a désormais fait du régionalisme l'un des axes prioritaires de son développement comme de sa politique étrangère avec l'objectif de créer une communauté asiatique élargie qui lui permettrait de satisfaire ses ambitions, tout en contenant celles de la Chine. Ce qui se passe actuellement en Asie ne manque pas d'étonner, d'autant que cette partie du monde, malgré certaines tentatives dans ce sens (l'ANASE : l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est ; le forum de l'APEC : Asia-Pacific Economic Cooperation), n'avait jamais vraiment été partie prenante jusqu'ici aux grands débats sur le régionalisme économique. Les accords, de toute nature