La plupart des recherches s'accordent pour estimer que la mobilité résidentielle n'est pas un simple déplacement. C'est un phénomène complexe qui interagit avec d'autres (C. Bonvalet et J. Brun, 2003). Elle apparait alors comme une expérience sociale totale (V. Kaufmann, 2005), impliquant de tenir compte de l'ensemble des sphères de la vie et de leur intrication pour l'analyser, ces dernières s'influençant mutuellement. Ainsi, l'entrée à l'université, la mise en couple, une naissance, un changement d'emploi, la retraite sont autant d'évènements susceptibles d'entraîner un déménagement et un changement de statut résidentiel. Inversement, une mobilité résidentielle peut conduire à une rupture amoureuse, à s'éloigner de son réseau familial et amical, ou aù ne reconversion professionnelle. Les trajectoires s'entrelacent donc, se coconstruisent, et « les formes de mobilité -sociale, géographique, familiale -"ne [seraient] en réalité que les diverses facettes d'un processus unique de réaménagement de l'existence" (Y. Grafmeyer, 1994) » (C. Bonvalet et J. Brun, 2003).
2Ces mêmes recherches ont également mis en lumière la diversité et la complexité du déroulement des trajectoires, autrefois lues comme linéaires et relativement homogènes. Or, du fait de parcours de vie familiaux et professionnels plus flexibles, d'un nouveau code biographique mettant « l'accent sur le développement de l'individu et la possibilité (et nécessité) de faire des choix » (M. Kholi, 1989), les parcours résidentiels sont devenus moins prévisibles, parfois réversibles. Ce mouvement d'individualisation des parcours de vie peut s'accompagner d'une précarisation des trajectoires résidentielles conduisant à un « déclassement » (résidentiel et social, les deux étant fréquemment liés), et ce, à différents moments de l'existence. Certains événements, comme la séparation, peuvent aussi induire (théoriquement) une mobilité d'au moins un des deux conjoints 1 , quand des difficultés de santé, financières, la perte d'un conjoint, peuvent amener de véritables bifurcations (C.