Le propos de cet article est de revenir sur le concept de « charisme de fonction », tel que Max Weber l’a introduit dans sa Sociologie des religions . La conceptualisation qu’en propose Weber semble toutefois inachevée, et utilisée seulement pour caractériser une forme de dégénérescence du charisme personnel, et, plus précisément, comme la forme que prend le charisme quand il se quotidiennise. La discussion de cette hypothèse suppose de revenir aux sources utilisées par Weber, à savoir l’ouvrage de Rudoph Sohm, Kirchenrecht , paru en 1892. C’est chez Sohm que Weber a puisé la paire opposée du charisme personnel et du charisme de fonction. Le contexte de la parution de Kirchenrecht est un contexte luthérien, et il semble que Weber, dans l’interprétation et la sécularisation qu’il opère de la notion de charisme, est resté prisonnier des ces attendus luthériens ; ils l’ont, en particulier, empêché de penser véritablement, et de façon autonome, le « charisme de fonction ». Mais, le livre de Sohm n’a cessé d’alimenter aussi la réflexion des catholiques sur la question du charisme ; elle les a amenés, en particulier, à redécouvrir la dimension pneumatique dans leur théologie de l’Église et des ministères. La question qui s’ouvre, dès lors, est celle de savoir si la théologie catholique, et plus précisément son ecclésiologie, ne peuvent pas permettr4e de penser autrement le charisme, en particulier dans son rapport à l’institution – de sorte que cette ecclésiologie serait porteuse d’un possible latéral pour la sociologie du charisme. Il s’agit donc, dès lors, de découvrir comment on peut, à la lumière de la réflexion catholique, reconstruire un concept alternatif de charisme de fonction.