À l´inverse, Engler (1974) considère qu'il n'y a pas de différences essentielles entre la sémiologie linguistique et la sémiologie mythographique de la pensée saussurienne. Prosdocine (1983) se demande si Saussure a appliqué son point de vue sémiologique à l'identification de l'être mythologique. Pour Kim (1995: 293), "la réponse de Prosdocimi est négative avérant un écart infranchissable entre le signe linguistique et le symbole légendaire. Il n'accepte ni homologie, ni analogie des faits linguistique et légendaire".Enfin, Kim (1995: 263) cite le point de vue d' Arrivé (1986), "qui a participé à ce débat pour éclaircir la notion de symbole chez Saussure en faisant voir, en quelque sorte, dans le discours mythologique sur le symbole une autodestruction par rapport au discours linguistique".C´est dans ce contexte d´étude que s´inscrit cet article. Nous partirons du fait que d´autres études ont été développées et nous reprendrons leur sujet afin de montrer d'autres points de vue sur les principes, les méthodes et les enjeux épistémologiques de la pratique interprétative de Saussure sur les légendes.Afin d´atteindre ce but, nous présenterons un bref survol des quelques études qui ont été développées à partir des années 1990: Kim (1995), susmentionné, Fehr (1996, Arrivé (2001Arrivé ( , 2012 qu'il existe d'autres oeuvres tout aussi importantes. Le choix de ces oeuvres n'a pas été guidé par un critère théorique spécifique, seulement du fait de notre connaissance du sujet.2 Les études sur les légendes: plus lectures, autres questions
Relation entre sémiologie et linguistiqueD´abord, il faut remarquer que toutes les lectures mettent en place, en quelque sorte, une certain type de relation entre sémiologie et linguistique dans les études saussuriennes sur les légendes. Mais chacune le fait à différents degrés, plus proches ou plus lointains. Les réflexions de Fehr (1996) et Arrivé (2001) établissent très spécifiquement cette relation.L´étude de Fehr (1996) concerne plus précisément la question du rapport de l´oeuvre posthume de Saussure avec celle publiée de son vivant. Et dans ce cadre, il fait, bien que succinctement, un rapport entre les réflexions sémiologiques de Saussure et ses recherches sur les légendes germaniques. Selon Fehr, l'intérêt de Saussure pour le Nibelungenlied était initialement historique, "mais il se verra bientôt confronté à la problématique du signe" (1996, p. 183).À partir de cette problématique, il semble que les réflexions sémiologiques de Saussure autour des légendes l´amènent à se convaincre d'un nouvel aspect du signe dont la sémiotique philosophique n´avait pas encore rendu compte. Suivant ce raisonnement, Fehr résume la démarche de Saussure "telle qu'elle se présente à travers ses publications, ses manuscrits et ses lettres" (p. 184) et perçoit un changement paradigmatique: "la dimension historique des faits linguistiques n'est pas éliminée, mais elle est ramenée à la question du mode d'existence normale des systèmes sémiologiques en tant que faits sociaux". Ainsi, Fehr lit les études d...