> La pharmacogénétique étudie la manière dont les facteurs génétiques influent sur les réactions de l'organisme aux prises de médicaments. De nombreuses études de gènes candidats en pharmacogénétique de l'épilepsie ont été publiées mais, à l'heure actuelle, seulement deux associations ont été validées : l'association des allèles *2 et *3 du gène CYP2C9 avec le métabolisme de la phénytoïne, et l'association entre HLA-B*1502 et les effets secondaires cutanés graves liés au traitement par la carbamazépine. De nouvelles technologies, telles que le criblage du génome entier et le séquençage de nouvelle génération, devraient mener à l'identification d'autres biomarqueurs génétiques. Les bénéfices potentiels de la pharmacogénétique de l'épilepsie sont multiples : rationalisation du traitement de l'épilepsie, ciblage des essais cliniques et, à terme, contribution au développement de nouveaux antiépileptiques. Au final, la pharmacogénétique devrait améliorer la qualité de vie des millions de patients atteints d'épilepsie. < les années 1950, suite à l'observation d'un rapport entre l'héritabilité ou l'origine ethnique et des réponses aberrantes à certains médi-caments [2]. Grâce aux développements récents dans les domaines de la génomique et de la bio-informatique, la pharmacogénétique a progressé de façon exponentielle au cours des dernières années. Des variantes génétiques ont été identifiées et validées dans de nombreux domaines, et plusieurs sont maintenant appliquées de façon routinière dans la pratique clinique 1 . Des exemples classiques incluent le rôle de variantes dans le gène TPMT (thiopurine S-méthyltransférase) dans le métabolisme de l'immunosuppresseur azathioprine, et l'association entre des variantes dans le gène HER2 (human epidermal growth factor receptor 2) et la réponse au trastuzumab (Herceptine®) 2 (➜) dans le cancer du sein [3]. L'épilepsie : une pathologie adaptée à l'analyse pharmacogénétique L'épilepsie se prête particulièrement bien à l'étude pharmacogénétique : (1) elle représente la plus fréquente des maladies neurologiques chroniques graves, avec une prévalence entre 3 et 16/1000 et une incidence de 50/100 000 par an [4] ; (2) il existe une grande variabilité inter-individuelle dans la réponse aux antiépileptiques ; (3) l'efficacité du traitement est quantifiable (fréquence des crises épileptiques) ; et (4) on dispose d'échelles validées pour la classification des crises épileptiques [5] et des effets secondaires [6]. Cependant, ce n'est que depuis quelques années que des études systématisées en pharmacogénétique de l'épi-lepsie ont été débutées, et ce n'est que récemment que la première Il est bien connu que les individus peuvent répondre de manière différente à l'administration d'un même médic-ament. L'efficacité, la dose optimale et les effets secondaires éventuels diffèrent d'un sujet à l'autre. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces différences : des facteurs environnementaux (comme l'alimentation), des facteurs propres au sujet (comme la comorbidité) et des facteurs propres à la malad...