Traducteurs, pasteurs, convertis… chefs ? Réflexions sur les assises évangéliques du pouvoir politique chez les Chacobo d'Amazonie bolivienne Résumé Bien qu'ils semblent avoir converti bien peu de monde, les missionnaires protestants jouent, depuis les années 1950, un rôle essentiel dans la vie politique, sociale et économique des Chacobo d'Amazonie bolivienne. Dernièrement, leur influence s'est certes estompée en raison du remplacement des nordaméricains de l'Institut lingüistique d'été et des suisses de la Misión Suiza par des boliviens moins bien financés. L'influence des évangélistes n'en reste pas moins prépondérante, ne serait-ce que parce que l'essentiel des positions de leadership sont actuellement tenues par des acteurs à la fois formés par les missionnaires et appartenant à celles des familles qui, au cours des dernières décennies, ont délibérément opté pour une alliance avec ces derniers. Paradoxalement, une partie des Chacobo qui ont travaillé avec et/ou pour les missionnaires, notamment comme traducteurs bibliques ou comme pasteurs, n'ont pourtant pas réussi à percer sur le devant de la scène politique locale. En dépit de leurs indéniables compétences, il leur manquait tout simplement l'autre socle du pouvoir : l'appui de réseaux familiaux influents. Cet article propose donc une réflexion sur le poids respectif des déterminations sociales et des déterminations religieuses dans la construction des trajectoires politiques chez les Chacobo de 1955 à nos jours.