“…En dépit de la non-cumulativité des souffrances ressenties et des défauts endurés et de la singularité fondamentale des stigmates endossés, l'objectivation scientifique doit remplir son office afin de savoir de qui l'on parle. Car situés dans les marges (d'erreur) de la politique des grands nombres (Desrosières, 2010), les pauvres sont essentiellement définis par la négative : sans emploi, travail, statut, couverture sociale, domicile, toit, abri, argent, papiers, titre de séjour, voix, grade, dents… Si bien qu'ils constituent la somme informe, indistincte et toujours plus nombreuse des invisibles (Beaud, Confavreux, Lindgaard, 2008) et des inaudibles (Braconnier, Mayer, 2015) qui échappent à la « raison statistique » et passent sous les radars de la mesure publique.…”