La dimension émotionnelle de l’écrit dans le travail social : entre objectivation et répression

Abstract

Nicolas Amadio La dimension émotionnelle de l’écrit dans le travail social : entre objectivation et répression Si l’impersonnalité du système administratif peut apparaître comme un moyen de justification des actes ou de l’incapacité à agir des travailleurs sociaux, les protégeant de la sorte d’une lourde culpabilité, elle reste profondément opposée à leurs pratiques professionnelles, principalement orientées vers la singularité des situations et des usagers. Confrontés au fait de devoir à la fois s’impliquer émotionnellement tout en assurant une certaine objectivité, les travailleurs sociaux appréhendent sur ce mode ambigu la dimension de l’écrit dans leur travail. Les écrits sont ainsi vécus par les travailleurs sociaux non seulement comme un moyen d’objectivation, de prise de distance, mais aussi comme une forme de répression dans la mesure où, en tant qu’actes administratifs, ils tendent à minimiser la part subjective de leur travail. La dimension de l’écrit, comme activité individuelle et institutionnelle s’oppose ainsi à l’oralité dans laquelle s’inscrit pleinement le travail d’équipe qui permet la mise en œuvre de processus émotionnels à un niveau collectif.