L’or africain et le paradoxe de Sijilmassa (Maroc – viiie-xive siècles)

Abstract

Les dinars de Sijilmassa ont alimenté, durant toute l’époque médiévale, les finances des grandes puissances méditerranéennes, aussi bien du côté des terres d’Islam que des terres chrétiennes. Cette ville oasienne des confins du Sahara, née au VIIIe siècle, est en effet d’une part devenue un lieu d’escale majeur dans le cadre du trafic de l’or qui traversait le Grand Désert en provenance de l’Afrique sahélienne et à destination du Maghreb islamisé et d’autre part un atelier de frappe monétaire de premier plan. Mais si ses monnaies sont à ce jour assez bien étudiées, rien ou presque n’est connu de la ville de Sijilmassa, de sa matérialité, de l’organisation concrète de son hôtel de monnaie et surtout de la manière dont cette oasis a pu acquérir cette place prépondérante dans les circuits aurifères entre l’Afrique et l’Europe. Après un court bilan historique et historiographique, cette réflexion s’attache à développer une analyse originale de l’économie locale de cette cité. Car en s’appuyant sur des données inédites tirées de l’archéologie et d’études environnementales, ce texte propose de faire de l’économie locale de Sijilmassa la clé interprétative décisive pour éclairer les raisons de la position primordiale de cette ville saharienne dans le commerce de l’or. Plus qu’un simple spectateur passif des transactions effectuées sur son sol, Sijilmassa était en effet un important site de production, notamment agricole et métallurgique, argument économique de poids lui ayant permis de devenir un acteur à part entière dans la chaîne d’échanges aboutissant à l’acquisition (et à la redistribution) de l’or africain.

Tracing Trade and Settlement Infrastructures in the Judaic Material Culture of Tafilalt, Southeastern Morocco

“…In the same line, in his chapter "The Jews of Sijilmasa and the Saharan Trade" (from the tenth century to the city's ruin in the sixteenth century), Nehemia Levtzion highlights aspects of geographic mobility, resilience and fluidity that were shared among the participating groups in this trade [14]. According to Levtzion, after the Arab conquest of North Africa and during the Middle Ages, the Jewish traders of Sijilmassa and environs did not cross the Sahara themselves 12 . Rather, they controlled much of the commodities that were brought from the Sudanese region and its southern hinterland, and the transfer of these commodities from their pre-Sahara posts to the Mediterranean coastal cities.…”

“…The article is quite unconventional in terms of its contribution to the current state of study, in three ways. First, the geographers, historians and archeologists that have seriously dealt with Sijilmassa/Rissani and their environs were far from giving full, in-depth attention to the indigenous Jewish element and its multifaceted material expressions [4][5][6][7][8][9][10][11][12]. Moreover, a monograph on Tafilalt's Jewish community with respect to material culture, such as the layout of the settlement and its architecture, domestic furniture and cloth, jewelry, and relevant documents has yet to be written.…”