À partir d’une enquête ethnographique auprès d’interprètes bénévoles dans une association de soutien aux demandeurs d’asile, cet article interroge la fabrique du consentement autour de la mise au travail gratuit des publics de l’asile. Alors que les acteurs associatifs recherchent le soutien et la loyauté des interprètes par la mise en place d’un recrutement sélectif et préférentiel, ces derniers trouvent dans cette relation privilégiée des protections ponctuelles nécessaires à leur survie financière et administrative. Le fait d’exercer une activité bénévole pour les exilés peut être motivé par le versement d’une indemnité financière, mais aussi par la promesse d’obtenir un jour une régularisation pour celles et ceux qui se sont vu refuser le statut de réfugié. L’article montre de quelles manières les structures associatives se construisent en garants de la « bonne conduite » des exilés dans leurs démarches de régularisation en produisant des attestations de bénévolat, tout en participant dans leur recrutement, au tri et à la sélection des individus susceptibles d’être les plus employables par la suite sur le marché du travail.