Quand laïcité rime avec catholicité L'édification des lieux de culte à Boulogne-Billancourt D epuis une trentaine d'années, les débats politiques, médiatiques et législatifs relatifs au port de certains vêtements à caractère religieux dans les écoles publiques et l'espace public ont prioritairement interrogé le régime français de laïcité dans ses relations avec l'islam. Ces discussions, au niveau national, qui mettent avant tout l'accent sur la dimension normative de la laïcité, ne rendent généralement pas compte de la complexité et de la diversité de ses interprétations et usages. Comme le rappelle l'historien Jean Baubérot, « il n'existe pas "un modèle français de laïcité" mais différentes représentations selon les acteurs sociaux » (2015 : 16). Ce constat invite à privilégier les recherches ethnographiques centrées sur les pratiques ordinaires qui s'établissent entre autorités politiques et religieuses, notamment dans les grandes villes de France.Alors que les théories de la sécularisation ont considéré, au cours des années 1960-1970, les grandes villes comme des lieux sécularisés par excellence, l'influence du « spatial turn » en sciences sociales à partir des années 1990 a favorisé de nouvelles approches croisant le religieux et l'urbain qui nuancent fortement ces théories ; ces approches montrent comment les pratiques religieuses s'inscrivent et se renouvellent dans l'espace urbain et participent à sa transformation (Saint-Blancat, 2019). De récentes enquêtes quantitatives confirment qu'en France, le dynamisme des religions