L'idéalisme ambivalent du roman mauresque

Abstract

Des récits espagnols du XVIe siècle dont l'action se situait à la frontière entre la terre chrétienne et le royaume de Grenade, dernier royaume musulman d'Espagne, à la fin de la Reconquête, ont joué un rôle de premier plan dans la transmission d'un héritage historique multiculturel fait à la fois de coexistence et de conflit. L'anonyme Abencerraje, les Guerras civiles de Granad de Pérez de Hita et la nouvelle «Ozmfn et Daraja» insérée dans le roman picaresque Guzman de Alfarache de Mateo Alemân sont les « romans mauresques » qui ont rénové la prose de fiction en créant un type littéraire, celui du gentilhomme maure, guerrier émérite et amant accompli qui suscite l'admiration et l'amitié du noble chrétien dont il est le captif. La tradition a ainsi entretenu le souvenir d'une cohabitation qu'elle a idéalisée en exaltant les vertus chevaleresques partagées. La « maurophilie » contribue-t-elle au marquage des frontières culturelles ou suggère-t-elle une autre définition identitaire, qui inclut l'Autre sans le réduire ?